En quelques minutes, une foule de gens s'attroupe autour du cadavre. On le porte jusqu'à sa caserne. Sortie de je ne sais où, la foule grandit, les poings se lèvent, menaçants. Des hurlements proposent une vengeance immédiate et un ratissage des rues à la recherche de falangistes. Quelques Asaltos armés montent rapidement en voiture et parcourent les rues. Mais le capitaine de la garde civile CONDES - qui avait été révoqué en 1934 pour ses idées de gauche et venait d'être réintégré par CASARES - a quelque chose de mieux à proposer : Se venger sur les chefs de l'opposition, plutôt que sur leurs troupes.
Cela, c'est une version ; mais il y en a plusieurs autres :
La première, c'est qu'elle aurait été spontanée et sur l'emprise de la colère. Un certain ALFREDO LEON LUPION dans un reportage sur Arte, en revendiquait même la paternité : Nous avons pris tous les officiers présents, nous leurs avons donné une liste de trois noms à chacun et quelques "asaltos" pour les accompagner. Ils avaient l'ordre des les ramener à la caserne de PONTEJOS. La camionnette qui devait ramener CALVO SOTELO était la n° 17.
La seconde, celle des historiens "Nationalistes" qui affirment que la mort de CALVO SOTELO avait été programmée, dés le 16 juin, par CASARES QUIROGA, le chef de la police et le capitaine CONDES.
Et une troisième soutient que l'instigatrice de cette décision aurait été la " PASIONARIA" qui l'aurait prise dès la fin du discours de CALVO du 16 juin.
Un des policiers, membre de la garde détachée par le gouvernement pour la protection du chef monarchiste, aurait déclaré au député BAU, que les instructions reçues de ses supérieurs étaient de participer au lieu de défendre, dans le cas ou il y aurait un attentat contre CALVO SOTELO. On assure aussi que CASARES QUIROGA aurait donné son accord, depuis l'ambassade du Brésil où il assistait à un bal fastueux.
A part le témoignage du garde du corps, soumis à caution comme tous les témoignages, rien de tout cela, n'a pu être prouvé. Mais, si on se place dans le contexte où se déroulaient tous ces événements tout était possible.
Par contre, ce qui a pu être prouvé est
ce qui suit : vers minuit, quelques véhicules partent de la caserne de
Pontejos. Il y a un véhicule militaire où ont pris place, le capitaine
CONDES, deux membres des jeunesses socialo-communistes, Victoriano CUENCA, ancien
garde du corps d'un général à Cuba, un étudiant
en médecine qui soignait CUENCA pour une maladie vénérienne
et quelques asaltos. Dans un autre véhicule, un véhicule de tourisme,
cinq officiers des asaltos. Le premier se dirige vers le domicile de CALVO SOTELO,
le deuxième vers celui de GIL ROBLES.
Là aussi, il y a deux versions. Dés le départ, dans la
première voiture l'objectif est de tuer, mais si les uns disent que cette
idée avait été suggérée par un des membres
des jeunesses socialo-communistes, les autres prétendent que l'ordre
venait du parti communiste, décidé à en finir une fois
pour toutes et mettre le feu aux poudres.
Le 13 juillet, vers trois heures du matin, la voiture militaire s'arrête devant la demeure de CALVO SOTELO, les hommes se font ouvrir la porte par le gardien de nuit sans aucun problème.
Un des asaltos coupe le téléphone. Ce réveil
en pleine nuit, inquiète le monarchiste, il dit être protégé
par son immunité parlementaire. CONDES lui montre sa carte d'officier
de la garde civile et le rassure : ils sont là pour le protéger.
CALVO embrasse sa femme ; il essaye de la tranquilliser en lui promettant donner
de ses nouvelles dés qu'il saurait ce qu'on lui voulait " à moins
que ces messieurs me tuent" - dit-il avec un petit rire nerveux voulant faire
croire qu'il plaisante.
Dans la voiture, CUENCA s'installe juste derrière le prisonnier et, seulement
quelques centaines de mètres plus loin, sort un pistolet et lui tire
deux balles dans la nuque. L'autre voiture les rejoint, on montre fièrement
le cadavre. Les autres ont eu moins de chance, GIL ROBLES était parti
passer la fin de la semaine à Biarritz !
Entre temps, la femme de CALVO a voulu prévenir des amis et elle s'est aperçue que le téléphone a été coupé. Sa peur s'est transformée en panique et bientôt la nouvelle que CALVO SOTELO a été enlevé par des "asaltos" en uniforme, commandés par des officiers porteurs de documents officiels, se répand comme une traînée de poudre. Le gardien du cimetière de la ALMUDENA se souvient alors du cadavre qui lui a été déposé par des gardes pendant la nuit. Il prévient. C'est à midi seulement, que l'on identifiera le corps de CALVO SOTELO
On retrouve le corps de calvo Sotelo
.........Le lendemain, il y a deux enterrements à MADRID. Les premiers est celui du lieutenant CASTILLO. Une foule immense salue le cercueil recouvert d'un drapeau rouge, le poing levé.
Quelques heures plus tard, c'est le tour de celui de CALVO SOTELO. Cette fois un public encore plus nombreux salue son corps, avec le bras tendu, à la façon fasciste. GOICOECHEA, ami et second de CALVO, s'adressant à cette foule survoltée, jure devant Dieu et devant toute l'Espagne, que son camarade sera vengé.
Le peuple est chauffé à blanc. Les manipulateurs ont bien fait leur travail. La carnage va bientôt commencer !