Un peu d'histoire

IL est inutile de vouloir déformer la vérité, elle se rétablit d'elle même. Voilà ce que j'ai pu lire quelque part sans que je me souvienne du nom de l'auteur. Mais il n'y a rien de plus faux! En tous cas en ce qui concerne la guerre civile d'Espagne de 1936/1939.

 ....... pour comprendre la guerre civile d'Espagne et surtout ses origines, il faut remonter très loin, car l'Espagne n'est pas un pays comme les autres. Mais puisqu' il faut bien commencer quelque part, on peut le faire à la fin de la RECONQUISTA.

 Les terres reprises aux maures furent distribuées aux nobles. Il en fut de même avec tous les avantages que les conquistadores tirèrent de la découverte du Nouveau Monde. Qui plus est, ces nobles étaient de préférence, castillans. Les particularismes catalans ou basques, naquirent ou s'aggravèrent de ce fait.

L'unité de la péninsule était un faux semblant. Elle dissimulait mal un régionalisme exacerbé et certaines provinces supportaient mal l'hégémonie castillane . Puis rien, sinon quelques miettes, ne fut distribué au peuple.
Toutes les personnes cherchant à exercer un quelconque pouvoir, une quelconque influence, introduisaient dans " leur peuple " des idées de Catalanisme, Carlisme, Autonomisme, Fédéralisme, de Nationalisme Basque. Si bien que l'apparente unité cachait des tendances, des divergences de mentalité énormes, prêtes à exploser à la moindre étincelle.

En 1808, la monarchie traditionnelle s'effondre. Dés lors vont se succéder, au gré des "pronunciamientos", des régimes teintés de libéralisme ou autoritarisme, de conservatisme ou de progressisme. Chaque fois l'Espagnol de base en fait les frais.

 En 1811, les Cortes, composées en majorité de bourgeois, retirent aux seigneurs les droits de justice dans leurs domaines et transforment ceux-ci en propriétés privées dans lesquelles ils ont pratiquement tous les droits.

L'Eglise d'Espagne avait connu son apogée au siècle d'or, elle conservait un grand prestige. Cette autorité sortit encore grandie, pour son opposition farouche à la conquête Napoléonienne. Elle jouait un rôle prépondérant dans la vie politique espagnole et constituait un des plus sûrs garants de la permanence de l'ordre social.

Après avoir chassé Napoléon, s'ensuit pourtant une lutte d'influence entre cette Eglise et l'Armée noyautée par la libre pensée et les loges maçonniques. Elle dure un demi siècle et finit par une demie victoire des libéraux de l'armée.

En 1834 commence une guerre entre les partisans de don Carlos, frère du roi Ferdinand VII, et les partisans d'Isabelle II fille aînée de Ferdinand. L'Eglise penche vers les régionalismes et Carlos. L'Armée et les libéraux vers le centralisme castillan.

En 1837 les terres de l'Eglise sont confisquées, mais les prêtres sont, dorénavant, payés par l'Etat en compensation.
Aux XVIII et XIX èmes siècles les nobles avaient vendu à des tiers, (en général les bourgeois des villes) le droit de percevoir les redevances de leurs domaines. Ceux-ci en fixèrent eux-mêmes leurs montants qui étaient le double de la moyenne européenne et les paysans n'eurent aucun recours. Ils étaient constamment menacés d'expulsion. Seul le pays basque échappait à cette règle. Aussi, toute guerre civile était souvent une guerre sociale où les paysans pauvres se révoltaient contre les paysans riches.

Les "Pronunciamientos" étaient courants. Ils pouvaient venir de militaires aussi bien libéraux que conservateurs. De gauche: RIEGO 1821, qui fut pendu en 1823, de droite avec ESPARTERO 1840, O'DONNEL 1854, ceci pour les principaux, car les pronunciamientos deviennent le moyen habituel de changer de gouvernement. Entre 1814 et 1923 il n'y en eu pas moins de quarante trois! L'Armée, qui a eu un prestige mérité au moments des guerres coloniales, veut vivre comme dans le passé, mais la puissance coloniale ayant beaucoup diminué, elle s'est transformée en contrôleur de la vie politique.Toutefois, les classes dirigeantes pensaient encore que leurs fils pouvaient y faire une excellente carrière.

 En 1868, le Général PRIM réussit à destituer Isabelle II au bout du deuxième pronunciamiento. Celle-ci n'avait pas réussi, malgré quatre constitutions successives, à maintenir l'ordre dans ce bouillant pays. On aurait pu penser alors, que l'heure était venue de proclamer une république, mais PRIM et ses amis, vainqueurs de ce pronunciamiento, se prononcent pour une monarchie constitutionnelle. La nouvelle constitution prévoit un roi sans beaucoup de pouvoirs, mais devant choisir ses ministres parmi les partis de la majorité. Elle prévoit aussi un Sénat et un Congrès élus au suffrage universel; la liberté d'enseignement, de la presse; la liberté de culte mais, aussi la séparation de l'Eglise et l'Etat. Pour des raisons différentes, cette nouvelle constitution, ne satisfait personne. Pas plus les Carlistes que la droite, l'extrême gauche que les Républicains. Tous les régionalismes se lancent dans une violente agitation révolutionnaire. Le gouvernement de PRIM maintient l'ordre coûte que coûte, mais il lui reste à trouver un roi, puisqu'il n'y en a plus..... et pour cause!

 Isabelle II abdique le 25 juin 1870 en faveur de son fils, qui n'est alors qu'un enfant et qui serait Alphonse XII, mais on ne peut envisager le retour d'un BOURBON, ces BOURBONS qui paraissent être détestés de tous. On pense au duc de MONTPENSIER puis à FERDINAND du Portugal. L'un soulève les protestations des progressistes, des démocrates et de la France, l'autre celles des Unionistes et de l'Angleterre. On propose finalement Léopold de HOHENZOLLERN-SIGMARINGEN. Cette proposition aurait, suivant les historiens, donné lieu à de graves problèmes diplomatiques entre la France, la Prusse et l'Espagne de PRIM et aurait été la cause de la guerre entre la France et la Prusse en 1870.

Les Républicains pensent que leur victoire approche et s'apprêtent à prendre le pouvoir. Ils seront de nouveau déçus : en désespoir de cause on va chercher le second fils du roi d'Italie (!?) le duc Amédée d'AOSTE. Celui-ci finit par accepter, sans enthousiasme. Quand il débarque dans "son" royaume, le Général PRIM, à l'origine de tous ces bouleversements, est assassiné à la sortie des Cortès.

Le duc d'AOSTE ignore tout sur l'Espagne quand il monte sur le trône. Il abdiquera au bout d'un peu plus d'un an jugeant l'Espagne beaucoup trop difficile à gouverner ( !!!) Et pourtant les premières difficultés à Cuba ne faisaient que commencer...

On croit alors à la mort naturelle de la monarchie. Mais une fois encore on se trompe.

 C'est alors qu'est proclamée la 1ère République, le jour même et à 258 voix pour et 32 contre. On est le 11 février 1873.

Les Républicains qui viennent de prendre le pouvoir doivent affronter les antagonismes. Il y a les Monarchistes, les Carlistes, les Républicains d'extrême gauche, les Anarchistes, sans compter les Régionalismes de tous poils.

Les Régions arguant une mauvaise gestion de Madrid, on en fait une République Fédérale. Elle divise l'Espagne en 15 Etats qui auront une autonomie administrative totale, mais les Républicains de gauche en profitent pour susciter des insurrections. Leur espoir est de diviser chaque province en cantons (cantonalisme) tout a fait libres de toute tutelle gouvernementale. Le régime sombre dans le chaos le plus complet. Au nord, les Carlistes reprennent leur guerre. Dans le sud, de nombreuses villes se proclament totalement indépendantes. Le mouvement prend une telle ampleur que le Gouvernement doit faire appel à l'Armée pour préserver l'unité nationale. Cette nécessité comporte un gros risque car l'Armée, une nouvelle fois, va faire les fonctions d'arbitre. Elle arrive à croire qu'elle seule peut sauver le Pays.

 Le général PAVIA, qui a dirigé la répression contre les cantonalistes, dirige le pronunciamiento qui mettra un terme à la 1ère République le 2 janvier 1874. Elle a duré moins d'un an. L'armée, une fois encore au pouvoir, n'a aucun projet de gouvernement.

Et les Carlistes continuent leur guerre. Elle s'étend maintenant à la Navarre, l'Aragon, la Catalogne, Madrid. Toutefois les Carlistes seront mâtés avant la fin de l'année. Déjà on décrit les affrontements entre les Carlistes et l'Armée qui tente de rétablir l'ordre, comme étant d'une violence inouïe. C'est bien cela l'Espagne !

 Entre temps il y a eu un nouveau pronunciamiento à Valence, dirigé, celui-ci par le général MARTINEZ CAMPOS, partisan des BOURBONS. Le Gouvernement PAVIA, désemparé, se voit contraint de mettre le fils d 'Isabelle II sur le trône d'Espagne sous le nom d'Alphonse XII. Le roi fait son entrée à Madrid le 14 février 1875. Les BOURBONS soi-disant tant exécrés par le peuple sont de nouveau sur le trône! Ironie du sort, moins de deux ans après la "mort naturelle" qu'on lui avait diagnostiqué, la monarchie était de nouveau là.

 En 1875 une constitution " libérale" est promulguée. L'Espagne qui s'est accordé un moment de répit intérieur, commence à avoir des problèmes à l'extérieur. D'abord avec le Saint Siège à propos de la constitution qu'il juge trop permissive. Puis avec la France parce qu'il y a eu un massacre de colons en Oranie et que les Espagnols en rendent le gouvernement français responsable. Ensuite, la France se hérisse du rapprochement spectaculaire entre l'Espagne et l'Allemagne. Et vient le point culminant : Alphonse XII entreprend une tournée de pays européens. Il visite l'Autriche, l'Allemagne, la France, la Belgique. Avant son arrivée à Paris, on l'a vu en Bavière revêtu de l'uniforme bleu de colonel bavarois et, circonstance aggravante, l'empereur Guillaume lui a remis le diplôme de colonel des Uhlans. Paris reçoit le roi d'Espagne sous des huées et les membres du Gouvernement sont à peine polis envers lui. (Pourtant il n'a jamais été confirmé qu'il y ait eu promesse d'alliance avec l'Allemagne de la part d'Alphonse XII, en cas de conflit entre celle-ci et la France). Puis commencent les gros problèmes aux Philippines et à Cuba.

C'est à ce moment là que se développèrent deux organisations syndicales. La C.N.T. (Confédération nationale du travail) dominée par les idées anarchistes de Bakounine et la U.G.T. (Union générale des travailleurs) en majorité socialiste. Presque toujours détenus par les mêmes personnes l'Avoir et le Savoir commençent à lutter pour le pouvoir, mais pour faire la guerre ou pour accéder aux postes importants on a besoin de "main d'œuvre ". On se souvient alors du peuple. Là, la "main d'œuvre" ce sont les bulletins de vote... et on a besoin des bulletins de vote. Plus tard on appellera cela la démocratie!

Alphonse XII meurt en 1885 à l'âge de vingt-huit ans de la tuberculose, laissant un fils posthume et c'est sa mère Marie-Christine de HABSBOURG qui assure la Régence. En 1890, à l'initiative des Libéraux, on institue le droit de vote pour les hommes.Mais le résultat des élections est constamment truqué par les politiciens aussi bien conservateurs que libéraux. En 1897 le leader conservateur CANOVAS est assassiné.

Février 1898. Depuis quelques années, l'Espagne contient à grandes peines la révolution dans ses dernières colonies et, en particulier, à Cuba. Les Etats Unis (déjà!) décident d'y mettre leur grain de sel.

Soit disant pour encourager les cubains et impressionner les espagnols, ils font jeter l'ancre à un cuirassé -le Maine- dans la baie de la Havane. Mais si cette situation s'était prolongée, cela aurait pu tourner au ridicule pour le géant américain. C'est alors que le cuirassé saute "opportunément" avec trois cents hommes à bord. Voilà le géant offensé, il peut intervenir. Le 16 juillet 1898 il ne fera qu'une bouchée de l'escadre que l'Espagne a envoyé précipitamment.

C'est l'effondrement total de l'empire colonial espagnol. Le 10 décembre, Cuba passe de l'hégémonie espagnole à celle des Etats Unis. Dans le traité qui sera signé ce jour là, l'Espagne abandonne Cuba; elle vend PORTO RICO et les PHILIPPINES aux Etats Unis pour vingt millions de dollars. Un an plus tard elle vendra les PALAOS, les MARIANNES et les CAROLINES à l'Allemagne. Du plus grand empire du monde, celui "où le soleil ne se couche jamais", il ne reste plus que CEUTA, MELILLA, la GUINEE et IFNI. On va se charger de désigner les responsables de cet état de choses au prolétariat: ce sont les riches, l'Armée, l'Eglise...

Quand le roi Alphonse XIII commence son règne, à sa majorité en 1902, la situation est catastrophique. Les illettrés représentent quelques 75% des espagnols, la mortalité infantile, (à juger par les familles de mon entourage) devait avoisiner et peut-être même dépasser les 50 %. Et en 1904 ou 1906, une épidémie de choléra décime la population et en rajouta à leur misère. Une misère indescriptible pour certains, l'opulence pour d'autres.

Les catalans, qui avaient toujours tenu à se différencier du reste de l'Espagne, poussent leurs particularités jusqu'à l'extrême. La langue et les traditions catalanes sont fiévreusement, presque fanatiquement, mises en avant. Les anarchistes et les radicaux créent un tel climat de démagogie que les crimes se succèdent quotidiennement et Barcelone passe pour être la ville la plus agitée d'Europe.

On retrouve dans plusieurs documents une phrase lancée par "el emperador del paralelo": Alejandro LERROUX (On le retrouvera faisant partie des membres les plus modérés du gouvernement de la Deuxième République !) haranguant les foules : - Jeunes barbares d'aujourd'hui ! Venez piller la civilisation décadente de ce malheureux pays ! Détruisez ses temples ! Abattez ses dieux ! Videz ses couvents ! Arrachez le voile de ses novices, violez-les et faites-en des mères ! Battez-vous, tuez et mourez !

En 1909, le 23 juillet, l'Armée espagnole subit une sévère défaite au Maroc dans le BARRANCO DEL LOBO où 6 000 soldats sont tués et affreusement mutilés. Elle demande des renforts d'urgence. Le Gouvernement, soucieux de la situation intérieure, veut conserver toutes ses troupes dans le pays. Il décide de mobiliser 20 000 réservistes. La réaction est immédiate et violente. Des manifestations se déroulent à Madrid, mais surtout à Barcelone.

Du 26 au 31 juillet a lieu la tristement célèbre"semaine tragique de Barcelone".

 Dans ces réservistes il y avait des hommes mariés, pères de famille, il en résulte une semaine d'émeutes de protestations spontanées lancées par leurs femmes . Il n'y a aucun chef apparent ni aucun objectif précis, mais les paroles de LERROUX bouillonnent dans la tête des insurgés. Et celui-ci persiste : Brûlez les registres de propriétés, tuez!…tuez !... tuez!. Quarante huit églises sont incendiées et presque autant de couvents. Des ouvriers, ivres, dansent avec les corps de religieuses qu'ils ont exhumées. Il faudra un mois pour rétablir un peu d'ordre. Et la répression est à la mesure des émeutes. Des conseils de guerre condamnent des détenus. Quelques-uns sont fusillés. Entre eux Francisco FERRER, pédagogue révolutionnaire, connu et reconnu au delà des frontières. Des intellectuels français protestent contre les méthodes de la monarchie espagnole.



Les corps de religieuses exhumées

Tout comme on avait accusé Alphonse XII, on accuse, sans preuves, Alphonse XIII d’avoir conclu une alliance avec l’empereur Guillaume et d’avoir promis un contingent de 200 000 hommes en cas de guerre avec la France. Dans ce conflit franco-allemand de 1914-1918 l’Espagne resta neutre et sa neutralité favorisa largement son industrie, mais, le prolétariat n’en tirera aucun profit. Il reste malheureusement dans sa misère et cette misère favorise un terrain facile à exploiter. Certains en tireront profit.

En 1917, les syndicats socialistes et anarchistes organisent une grève. Partie de Barcelone elle s'étend sur tout le pays. Pour imposer la paix, le gouvernement fait encore appel à l'Armée. Pourtant il n'était pas sûr de son loyalisme, mais à la surprise générale, elle reste fidèle à la monarchie et pour écraser la révolte ira jusqu'à faire feu sur les grévistes.

 En six ans il y a eu 13 crises totales et plus de trente partielles. On dit que l'Armée était fatiguée par tous ces changements de ministères et désireuse de stabilité politique.

 Le " peuple " espagnol, lui, n'a jamais connu la démocratie. Il ne sait même pas ce que ce mot veut dire ! Il ne connaît que la misère.

 Le 21 juillet 1921, ABD-EL-KRIM, chef de la résistance rifaine contre la France et l'Espagne au Maroc, inflige une sévère défaite à l'armée espagnole à ANUAL. On compte 12 000 morts qui sont émasculés suivant la tradition marocaine, et il y a 1 500 blessés.. La tension remonte dans la péninsule.

En 1923, les problèmes marocains et catalans, la menace continuelle du syndicat anarchiste C.N.T. dont les adhérents dépassent le million, pèsent trop lourd sur un système parlementaire espagnol moribond. Le roi est incapable de repousser le pronunciamiento déjà habituel dans le siècle précédent. Miguel PRIMO DE RIVERA établit une dictature qui durera sept ans.

 Le temps de sa dictature, ce général emprisonne ceux qui protestent contre ses lois et interdît tous les partis, mais il n'y a aucune exécution politique. Les historiens s'accordent à le croire de bonne volonté. Il ouvre des ministères à des civils. Il prend lui-même la direction des opérations au Maroc et arrive à la reddition d'ABD-el-KRIM en mai 1926. Avec l'aide de CALVO SOTELO un tout jeune ministre, (dont on parlera plus tard)il met en place d'importantes réformes économiques.. Des hommes de gauche tel LARGO CABALLERO, qui jouera plus tard un rôle important en Espagne, acceptent de collaborer à son gouvernement. Mais la classe moyenne, les professions libérales et surtout la crise économique de 1929 finissent par le chasser,

 Le roi tente, pendant quelque temps de gouverner comme l'avait fait PRIMO DE RIVERA, mais plus personne ne le soutient. L'armée ne lui pardonne pas d'avoir accepté la démission de PRIMO et beaucoup de membres importants de l'Eglise, suivant la tendance du pape Pie XI, auraient préféré un système démocratique (si celui-ci avait été possible).

 Vers la fin de 1930, le docteur MARAÑON, José ORTEGA Y GASSET et le romancier PEREZ DE AYALA, certains politiciens socialistes, dont Largo Caballero, qui avaient collaboré avec la dictature, des intellectuels républicains et des régionalistes catalans signent un pacte et en décembre font un nouveau coup d 'Etat *. Les auteurs publient cette déclaration: "Un besoin passionné de justice jaillit des entrailles de la Nation. Plaçant ses espoirs dans une République, le peuple est déjà dans la rue. Nous aurions voulu faire connaître les désirs du peuple par des moyens légaux, mais cette voie nous a été barrée. Quand nous avons demandé la Justice, on nous a refusé la Liberté. Quand nous avons demandé la Liberté, on nous a offert un parlement croupion analogue à ceux du passé, basé sur des élections frauduleuses, convoqué par une dictature, instrument d'un roi qui a déjà violé la constitution. Nous ne recherchons pas la solution extrême, une révolution, mais la misère du peuple nous émeut profondément. La Révolution sera toujours un crime ou une folie tant qu'existe la Loi et la Justice. Mais elle est toujours juste quand domine la Tyrannie."
De bien belles paroles! Un discours que l'on a l'habitude d'entendre!

 Le processus est enclenché. GALAN et GARCIA HERNANDEZ deux officiers de la garnison de Jaca, se soulèvent contre le roi. Ils sont arrêtés, alors qu'ils entraînent leurs hommes vers ZARAGOZA, et fusillés pour rébellion. Leur mort soulève une immense vague d'indignation et sous la pression, le roi estime qu'il ne peut plus refuser des élections.

 Elles ont lieu le 12 avril 1931.

Le roi Alfonso XIII

*Un coup d'Etat auquel participèrent Largo Caballero, Manuel Azaña et d'autres que l'on retrouvera dans le Gouvernement de la République.
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