Résumé
de la guerre
La propagande utilisée pendant la guerre et de l'idée que les intellectuels exilés ont réussi à faire "passer" dans l'opinion mondiale, font que l'on pourrait la résumer ainsi :
En 1936 la gauche unie dans un "front
populaire" gagne les élections. Les riches et les bourgeois, l'Armée
puis l'Eglise ne peuvent supporter une perte de privilèges et le 18 juillet
quelques Généraux (SANJURJO, MOLA, QUEIPO DE LLANO, CABANELLAS
et FRANCO pour les principaux) font un coup d'état que l'on appelle en
espagnol "pronunciamiento". Il s'ensuit une guerre civile où
les Républicains (gauche) recevront l'aide morale de la plupart des pays
et matérielle (armement) de l'URSS et du Mexique principalement (un peu
de la France) Puis des volontaires venus de 50 pays que l'on appellera les Brigades
Internationales.
Franco devient peu à peu le chef de la rébellion, il reçoit
l'aide de l'Allemagne et de l'Italie, (des Etats fascistes) qui feront sur l'Espagne
des essais d'armement en préparation de la 2ème guerre mondiale.
Cette guerre ainsi présentée aurait fait un million de morts et
500 000 réfugiés
Le 28 mars 1939 la dernière capitale, Madrid, tombe. Franco a gagné.
Il y aura de terribles représailles sur les vaincus et une dictature
qui durera jusqu'en 1975, date de la mort de Franco.
La Vérité n'est pas aussi
simple!
Si on recherche plus profondément et en résumant là aussi,
il faut rechercher les causes à partir des années 1500 date où
les Arabes ont été expulsés après sept siècles
d'occupation et où l'on a découvert l’Amérique. En
fait, à partir de cette époque, les riches et les bourgeois de
régions ou d’opinions différentes se faisaient la guerre
continuellement en utilisant la population. Les familles influentes envoyaient
leurs enfants faire carrière soit dans l'Armée ou dans l'Eglise.
Un peu avant 1900 une autre partie de bourgeois et d'intellectuels vont commencer
à développer un mouvement influencé par Mikhaïl Bakounine
(anarchisme) dans le monde ouvrier et agricole. Cet anarchisme très anticlérical,
est noyauté par deux syndicats CNT et UGT l'un socialiste et l'autre
anarchiste (qui d'ailleurs étaient toujours en désaccord).
Les coups d'Etats sont continuels et sont presque une façon "ordinaire"
de changer de gouvernement. Le dernier de Miguel Primo de Rivera établit
une dictature qui dure de 1923 à 1930 pendant le règne d'Alphonse
XIII. Malgré sa modération, Primo de Rivera est rejeté
lui aussi. Un groupe d'intellectuels lance le "pacte de San Sebastián"
censé être un appel à la liberté. Alphonse XIII fait
organiser des élections.
Ces élections de 1931 les élections paraissent rejeter la monarchie,
(En fait, le scrutin ne sera jamais mené à son terme) et le roi
Alphonse XIII s'exile. Un groupe d'intellectuels et de politiques s'autoproclame
gouvernement provisoire de la II République. Cette même année
les élections les confirment à leurs postes. Ce sont en général
des intellectuels ou des bourgeois républicains de gauche.
Les ouvriers et les paysans croient que des jours meilleurs vont arriver. Ils
déchantent très vite et en 1933, les élections donnent
une victoire écrasante à la droite. Le Parti d'AZAÑA chef
du gouvernement n'a que 8 élus. (1)
Consternée, la gauche n'accepte pas le résultat de ces élections*.
Elle se lance dans des grèves incessantes. Ces grèves, attentats,
bagarres de rues, incendies, créent un climat d'anarchie dans le plus
mauvais sens du terme. Ils finissent par provoquer de nouvelles élections
en février 1936.
Au nombre de voix il y 50 % pour les différentes gauches et 50 % pour
la droite, avec un tout petit avantage pour la droite, mais la loi électorale
permet au partis de faire des alliances et d'additionner leurs résultats
ce qui permet à la gauche d'avoir une très large majorité
aux Cortes.
Le désordre recommence, les attentats contre des édifices religieux,
contre les sièges de partis politiques, des cercles de clubs, d’associations,
se succèdent tous les jours. Le gouvernement qui aurait du s’atteler
à faire une importante réforme agraire pour distribuer les terres
aux paysans pauvres, se lance principalement dans des mesures anticléricales
et des sabrages contre l'Armée. Depuis 1931 tous les dirigeants des partis
prédisaient une guerre civile qui leur paraissait imminente. Certains
comme José Diaz pour le parti communiste, Francisco Largo Caballero pour
la partie dure du parti socialiste la prêchaient dans leur meetings, de
l'autre côté, José Antonio Primo de Rivera pour la falange
et les Navarrais s'y préparaient, en silence pour le premier, arborant
fièrement leur béret rouge pour les seconds.
Les assassinats, les coups bas, les magouilles en tous genres, les attentats
entre dirigeants de partis, même (et on pourrait dire et surtout) des
diverses tendances des gauches étaient, aussi, quotidiens.
Le 18 juillet des généraux
se rebellent. Nous avons vu que les "pronunciamientos" étaient
habituels. Il y en avait eu quarante trois en moins de 100 ans (plus de la moitié
venant de la gauche) et qu'ils étaient presque une façon «ordinaire»
de changer de gouvernement. Celui des généraux en 1936 aurait
pu en être un de plus, mais le monde ouvrier, cette fois-ci, est très
encadré, très "conditionné" et il va répondre
à l'agression.
En étudiant cette guerre en profondeur, on s’aperçoit que
c’était aussi une guerre entre bourgeois. Des "bourgeois intellectuels"
contre des "bourgeois riches". A la soif de pouvoir tout court, s'additionnait
celle de parvenir à celui de l'enseignement -donc celui de pouvoir forger
les mentalités selon leur propres idées politiques- Or ce pouvoir
était détenu par l'Eglise et les intellectuels de gauche, formés
à l'école de la "Institucion Libre de Enseñanza"
ne pouvaient plus supporter cette suprématie et cette concurrence...
(Pour preuve: la droite assassina 6 000 instituteurs et la gauche 8500 prêtres)
En France et en 1866 déjà, Jean Macé - violemment anticlérical
- avait fondé la Ligue de l'Enseignement, mère ou soeur
de l'Institucion Libre de Enseñanza. -"Qui
détient l'enseignement, détient la Nation"-
avait dit Jean Macé en la fondant.*(2) Une des
principales causes de la guerre d'Espagne pourrait être résumée
dans cette courte phrase.
Et le peuple va être utilisé
comme un outil, une marchandise, un moyen pour arriver à leurs fins.
D'un côté il sera enrôlé dans la guerre par le hasard
géographique du côté de Franco de l'autre par un conditionnement,
une manipulation des mentalités sur une population malheureusement inculte.
On verra, d'ailleurs, que la majorité des dirigeants républicains,
à la fin de la guerre, abandonnèrent "leur" peuple à
son sort et s'enfuirent....en emportant avec eux le "butin de guerre"
Durant la période de 1936 à 1939 il y aura 40 000 exécutions
commises par les Nationalistes dont 6000 instituteurs (ou autres enseignants)
Chiffres cachant, par son laconisme, les pires horreurs. Tous ces chiffres sont
à prendre avec précaution et varient considérablement suivant
les sources
Les Républicains perpétreront 85.940 assassinats (75.000 auront
lieu entre le 18 juillet et le 1er septembre 1936. De récentes études
sur des listes nominatives ramènent le chiffre autour de 70 000. Dont
12 évêques, 5255 prêtres, 2492 moines, 283 religieuses et
249 novices la plupart égorgées après avoir été
violées en viols collectifs.
Il y aura aussi 166 églises complètement brûlées,
1 800 hors d' usage, 3 000 très gravement endommagées.
Aux chiffres de morts par assassinats il faut ajouter le nombre de morts aux combats par faits de guerre et qui se situent (chiffre le plus vraisemblable) à 410 000 morts.
A la fin de la guerre, une terrible,
horrible répression commence de la part des "vainqueurs". Le
chiffre le plus cité est de 192 684 morts, mais ces chiffres sont contestés
par la gauche, qui parle de 300 000 et il y en a même qui avancent celui
de 750 000. Contestés aussi par la droite: Pio Moa dans son livre les
mithes de la guerre civile parle et entend prouver le chiffre de 20 500
exécutions
D'autre part, et contrairement à ce que l'on a voulu faire croire, cette
guerre était et avait une origine espagnole, bien espagnole, spécifiquement
et uniquement espagnole. Les faits le confirmeront même si on s'est soigneusement
attaché à faire l'amalgame entre le fascisme d'Hitler et Mussolini
et le franquisme. Franz BORKENAU dans son livre SPANISH COCKPIT écrit
en 1938 avait pourtant bien compris que le drame espagnol n'avait rien à
voir avec l'idée générale que l'on a du fascisme. (3)
Des pays comme l'URSS, l'Allemagne, l'Italie
pour les principaux, mais aussi la France l'Angleterre et bien d'autres, régleront
leurs comptes sur le sol espagnol
Puis les Nations "démocratiques" feront un blocus moral et
économique à Franco jusqu'en 1953. Ce blocus à cette Espagne
ruinée, réduite à l'état de décombres, sera
supporté une fois de plus par l'Espagne profonde et par les plus démunis.
Il a été fait un calcul (Sur quelles bases a-t-on établir
ces chiffres?) qui dit que, pendant ces années, 640 000 personnes seraient
mortes de faim, malnutrition, par manque de soins, maladie des suites de la
guerre, de tristesse et de désespoir. Plus que la guerre elle-même
!
Sans compter tous les millions d'espagnols qui seront obligés d'émigrer
pour gagner le pain qu'ils ne trouvaient pas chez eux et qui seront déracinés
à tout jamais. Voilà un aperçu de cette guerre fratricide.
C'était cela l'Espagne de 1936. A-t-elle vraiment changé? Je suis espagnol, je la connais et j'en doute! Arriverons-nous, nous espagnols, à être convaincus un jour que la violence engendre la violence et que la liberté des uns se termine là où commence celle des autres?
(1)Selon certains historiens, Azaña (qui se retrouvait un 8 élus
seulement) serait même allé voir le Président de la République
et lui aurait demandé de ne pas convoquer les nouveaux élus, d'annuler
ces élections et d'en organiser d'autres....
(2) N'est-ce pas toujours le cas ?
(3)Franz Borkenau :
Le soulèvement de Franco est généralement
décrit comme une révolte fasciste. D’un point de vue scientifique,
le terme pourrait être accepté à condition d’appeler
«fasciste» toute dictature et d’utiliser le mot «fascisme»
au sens de «régime non démocratique». Mais ce faisant
on élimine la nature individuelle concrète des dictatures de notre
temps, qui diffèrent largement les unes des autres à de nombreux
égards. Le fascisme, classiquement représenté par les régimes
allemand et italien actuels, désigne quelque chose de bien précis.
C’est d’abord l’existence d’un dictateur reconnu. comme
«leader», comme «guide»; en second lieu, le terme implique
un système de parti unique; en troisième lieu, un « État
totalitaire », en ce sens que, par-delà les questions proprement
politiques, la dictature s’étend à tous les aspects de la
vie publique et privée; quatrièmement, le fait qu’aucune
force indépendante du parti central n’est tolérée
en quelque domaine que ce soit; c’est ensuite le fait que le parti tente,
en recourant alternativement à la persuasion et à la violence,
d’obtenir l’assentiment, unanime de la nation et réussit
assez largement dans cette tentative. On ne retrouve presque aucun de ces traits
dans le régime franquiste.