Que se passa-t-il le 8 juin 1970?

Le 8 juin 1970, la France entière est sous le choc. Elle est coite, surprise, consternée, abasourdie, interloquée, stupéfaite, étonnée, suffoquée, ahurie et même plus encore ! ! Les Français n’en reviennent pas. Très vite, ils "oublieront" et essayeront de faire oublier au monde entier ce qui se passe ce jour-là de la même façon que, dans une famille de "bien-pensants", on essaie de faire oublier une tare dans la famille.

Mais que se passe-t-il donc ce jour-là ? :
Eh bien, à son retour de son voyage en Irlande, le Général de Gaulle a ressenti le besoin d’aller rendre visite à Franco.

De Gaulle aller voir Franco ! ! Impensable, incroyable ! !
Et pourtant si, De Gaulle est bel et bien allé voir Franco en Espagne ce 8 juin 1970 !

Je me souviens très bien d’une photo parue dans la presse, où l’on devinait plutôt que l’on ne voyait, les silhouettes des deux hommes de dos, marchant côte à côte dans un chemin de campagne dans un soleil couchant. Cette photo c’était tout un symbole. On devinait aussi deux personnes âgées, fatiguées, courbées comme si elles portaient sur le dos un lourd fardeau. On aurait dit qu’ils partaient dans le lointain en voulant déjà s’éloigner du monde , seuls, avant que la mort arrive.

Tout semblait séparer ces deux hommes. Il y avait un grand et un petit, mais non seulement par la taille. Pour le monde, il y avait un grand et un petit de par leurs dimensions dans l’Histoire et dans la démocratie. Certainement le plus grand homme de l’Histoire de France, en regard de la médiocrité de ceux qui viendraient après et celui que l’on disait le plus haï des espagnols.
Toujours pour l’opinion publique, l'un avait délivré la France, était un grand démocrate, grand homme d'Etat, intelligent, grand orateur, grand écrivain et, sinon aimé du moins respecté de tous. L'autre était décrit comme petit, sombre, gris, sans envergure, piètre militaire, piètre orateur à la voix fluette, n'ayant rien écrit de valeur, dictateur sanguinaire il maintenait l’Espagne sous le joug d’une dictature de fer. Et l’énumération pourrait être longue.....

Que pouvait-il donc se dire ces deux hommes qu’apparemment tout opposait ? Qu’avaient-ils donc en commun ? Pourquoi de Gaulle, au risque de nuire à son image de marque, avait-il voulu faire ces quelques pas avec Franco ?
Parmi les actes héroïques qu’il a pu accomplir dans sa vie, celui là n’était certainement pas le moindre. Il fallait, en effet, une bonne dose de courage pour faire une pareille chose dans le contexte de l'époque. Et il fallait qu’il en n’ait vraiment rien à faire -suivant l’expression de notre époque- de l’opinion publique. Car une visite de sa part c'était cautionner le "caudillo" et cela n’était pas du tout politiquement correct.

Pourtant des réponses il y en a ! Et j’en ai trouvé !

La première, je l’ai puisée dans les yeux du vieux républicain handicapé qui nous avait guidé à travers Paris, mes concitoyens venus faire la saison des betteraves et moi-même, Il portait sur nous, qui l’avions lâché là, sans le raccompagner, sans remerciements, sans le moindre petit mot, et même avec quelques ricanements, le même regard que celui que ces deux hommes devaient porter sur le monde. Plus de quarante ans après je me souviens encore de ce regard dans lequel j’ai plongé l’espace d’une seconde. Il n’y avait aucune amertume, aucune rancœur. Il n’y avait que blasement et détachement du monde, ainsi qu’une grande sérénité. La sérénité qui provient de l’approche de la mort et de la connaissance de toutes les médiocrités, les lâchetés et bassesses de ce monde.
Et il y en a encore d’autres............ mais si je me sens moi aussi au crépuscule de ma vie, donc bien placé pour comprendre, libéré de toute " mentalización", comme on dirait en espagnol ou de tout conditionnement, si c'était en français, le terrorisme intellectuel est passé par là …..pour moi aussi.....

CONCLUSION.

La démocratie ? Ca n’existe pas!



Tout à fait par hasard , j'ai trouvé sur un site Internet une réponse de De Gaulle à une personne qui l'interpellait à ce sujet
Voici la lettre et sa réponse:

Bonjour,
J'aimerais comprendre pourquoi vous avez serré la main à Franco laissant l'Espagne dans le chaos où elle était sinon même en l'enfonçant encore plus dedans?
J'attends avec impatience votre réponse.

Guillaume XXXXXXX


Charles de Gaulle

Cher Monsieur XXXXXXX

Votre question me plonge dans un profond embarras, puisqu'à l'heure où je vous réponds, je peux vous assurer que jamais je n'ai rencontré Franco. Cependant, et c'est troublant, je dois vous dire qu'à ma surprise, il a été le premier Chef d'État à m'écrire, à Colombey, après mon départ de l'Élysée, il y a quelques jours.
Si Dieu me prête vie, peut-être aurai-je l'occasion de me rendre en Espagne et dans ce cas, seule la courtoisie m'empêchera d'éviter de le rencontrer, au risque de fâcher Malraux et Mauriac, mes fidèles compagnons qui firent tant pour la cause des républicains espagnols. Pour l'heure, je prépare un voyage en Irlande où une branche de mon ascendance puise ses sources et ce projet me suffit.
Me voici tel que je suis désormais, un simple touriste, retiré du jeu, du brouhaha et des polémiques du pouvoir. À mon âge, si je devais rencontrer Franco, je laisserais à l'Histoire le soin de me juger, et je ne tenterais pas de m'en expliquer. Le grand peuple d'Espagne, quant à lui, conserve tout mon respect, toute mon estime et toute mon amitié.

Salutations,

Charles de Gaulle




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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