Europe.
Au Parlement européen, l'eurodéputé polonais Konrad Szymanski a expliqué : -75 % des décès liés aux crimes de haine basés sur la religion touchent des personnes de foi chrétienne, faisant ainsi des chrétiens les croyants les plus persécutés au monde. L'Europe ne peut rester indifférente. La souffrance de masse des chrétiens est un crime qui est, aujourd'hui encore, oublié.
On pourrait rajouter à cette fin de phrase : délibérément oublié.
Dans ce même ordre d'idées Jacques Julliard publie un article dans le " Nouvel Observateur" qui dit à peu près cela:
Le christianisme, de loin, la religion la plus persécutée dans le monde. Mais l'Occident fait l'autruche. Ce n'est rien ! Ce n'est que des chrétiens que l'on égorge. Des communautés religieuses que l'on persécute. -Mais ou cela ?- Un peu partout. En Inde, au Bangladesh, en Chine, au Vietnam, en Indonésie, en Corée du Nord. Là où ils sont minoritaires et surtout en pays musulmans. Et pas seulement en Arabie Saoudite où le culte chrétien est puni de mort. Mais en Égypte, en Turquie, en Algérie. Dans le monde actuel, le christianisme est de loin la religion la plus persécutée.
Mais c'est au Proche-Orient, là même où le christianisme a pris naissance, que la situation est la plus grave. En Turquie, les communautés chrétiennes qui sont les plus anciennes, antérieures à l'Islam, sont menacées de disparition. En Égypte (coptes), au Liban (maronites en particulier), elles se replient sur elles mêmes ou émigrent en Occident. En Irak, la guerre a précipité les chrétiens dans le malheur. Près de 2 000 morts, des populations déplacées par centaines de mille, notamment vers le Kurdistan turc, plus accueillant. On ne compte plus, à travers le Proche-Orient, les communautés attaquées, les dignitaires religieux assassinés, les églises brûlées, les interdictions professionnelles, de droit et de fait, dont sont victimes les chrétiens. Un génocide religieux à la petite semaine.
Pendant des siècles, les musulmans, venus ensuite mais devenus majoritaires et les chrétiens ont fait bon ménage. Que se passe-t-il donc depuis cinquante ans? D'abord le réveil de l'Islam sous une forme agressive et identitaire, comme si le Proche-Orient appartenait exclusivement aux musulmans. Ce sont les Frères musulmans qui mènent les attaques contre les coptes égyptiens : à Nag Hammadi, à soixante kilomètres de Louxor, en Haute Égypte, une voiture a mitraillé les fidèles qui sortaient de la messe de Noël (6 janvier 2010) Bilan 7 morts. Par un paradoxe qui n'est qu'apparent, la démocratisation des régimes renforce l'intolérance et l'exclusivisme musulmans : les chrétiens d'Irak étaient moins menacés sous Saddam Hussein qu'ils ne le sont aujourd'hui. Les despotes étaient le plus souvent héritiers du pluralisme traditionnel. Dans la quasi-totalité de ces pays, l'Islam est désormais la religion d'État. Le djihad anti-occidental a transformé les chrétiens en représentants de l'Occident maudit.
Pendant ce temps, l'Occident fait l'autruche. Pour ma part, ayant passé la plus grande partie de ma vie militante à défendre des populations musulmanes (Tunisie, Algérie, Bosnie, Darfour), j'ai pu constater que, chaque fois qu'il fallait le faire pour des chrétiens (Liban, Sud-Soudan) on voyait, à quelques exceptions près (Bernard-Henri Levy, Bernard Kouchner) les professionnels des droits de l'homme se défiler. Une sorte de Yalta culturel d'un type nouveau est en train de s'instaurer de fait : En Orient, le monopole d'une religion unique de plus en plus intolérante, l'islam. En Occident, le pluralisme, la tolérance et la laïcité. Ce Yalta est, comme l'autre, générateur de guerre froide, pour ne pas dire davantage. Il faut donc, sans arrière-pensée ni faiblesse complaisante, défendre le droit des chrétiens d'Orient à l'existence.
Jacques Julliard (dans le Nouvel Observateur)