Je pense que ma sœur, qui est décédée il y a peu, est une sainte. Quand je l'ai regardée sur son lit de mort j'en suis arrivé à la certitude. Son visage reflétait la grande humilité qui avait toujours été son trait de caractère, mais aussi la grande sérénité du juste.
Dieu, si Dieu existe, saura reconnaître ton travail. Oh ! tu n'as pas fait ce qu'on appelle de grandes choses, mais qu'appelle-t-on de grandes choses ?
N'est-ce pas ?
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Aller ouvrir la porte de l'église le matin et la fermer le soir 365 jours par ans année après année.
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Nettoyer l'église, la fleurir avec tes propres fleurs pour la messe du dimanche. Et les enlever une fois fanées.
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Enlever les crottes des chauves-souris.
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Préparer l'autel, allumer les cierges et les bougies, puis les ranger au presbytère ensuite.
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Faire le catéchisme aux quelques enfants encore présents dans ce village un peu perdu.
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Laver le linge servant à la liturgie.
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Subir, quelques fois les caprices, les exigences ou la mauvaise humeur des prêtres ou des paroissiens.
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Préparer et décorer l'église pour les mariages ou les enterrements.
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Aller demander au maire de réparer les dégradations de ce qui est propriété de l'État et dont les maires sont responsables.
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Et tant et tant de petites choses que j'oublie certainement et cela jour après jours, semaine après semaines, année après années. Cela toute ton humble vie comme tu avais voulu qu'elle soit
Puis, quand ton mari a été gravement malade, tu as caché ton cancer pour ne pas "perdre du temps" consacré à tes soins qui aurait été autant de temps en moins pour lui. Mais, quand il est mort il était trop tard pour toi!
Aurore, je l'ai pensé en te voyant morte pour ce monde, Dieu ne peut pas ignorer tout ce travail que tu as accompli à Son service tous les jours de ta vie. Je suis sûr qu Il T'a proclamée sainte. Ce ne peut pas en être autrement !
D'ailleurs, pour des raisons personnelles, ton enterrement n'a pu se faire qu'au bout d'une semaine et pas une trace de décomposition. Ton corps est resté intact. Te trouvera-t-on dans 50 ans dans cet état ?
Toi qui étais grande, toi qui étais sainte sans qu'on te remarque, toi qui as fait toutes ces petites choses que personne ne veut faire, prie pour nous qui nous prenons pour le nombril du monde,