La revanche

En 1982 l’Espagne bascule une première fois à gauche et elle y reste pendant 14 ans. Le "troisième front" obtient là sa toute première victoire –électorale- pour la gauche. Le 28 octobre 1982, le PSOE et le PSC unis obtiennent 202 sièges sur 350. Felipe GONZALEZ MARQUEZ devient Premier ministre. La transition est-elle vraiment finie? La démocratie est-elle enfin acquise ? Certains y croient…ou font semblant d'y croire. Surtout à l'étranger ! Quelques poignées de mains de parade, sous le feu des photographes à l'occasion de cérémonies officielles, peuvent le laisser croire. Ces belles poignées entre chefs d'Etat ou entre adversaires politiques, tout le monde devrait savoir ce qu'elles valent. Idem pour les discours! Est-ce que les observateurs attentifs de l'Espagne –on pourrait même dire des Espagne- s'y laissent prendre ? Peut-être, mais l'Espagnol, lui, sait.
Je peux vous affirmer sans aucun risque de me tromper qu'il n'en est rien : Il existe toujours deux Espagne totalement et -irrémédiablement?- inconciliables. Seule l'insouciance de la jeunesse le fait oublier pendant quelques années, mais la maturité fait réapparaître la différence avec toute sa force. Il suffit de regarder des débats à la télévision.
La guerre civile continue toujours, une tendance cherchant à écraser l'autre, l'autre subissant sans trop savoir comment se défendre, tombant souvent dans le piège du terrorisme intellectuel qui lui est tendu, allant même au-delà de peur de paraître réactionnaire ou fasciste. Ces mots constamment rabâchés en faisant référence au passé constituent une véritable arme de guerre bien plus efficace que les tanks soviétiques utilisés en 1936.

Les attentats du 11 mars 2004 font 192 morts et de nombreux blessés. José Luis Rodriguez est élu trois jours plus tard !
La gauche revenue au pouvoir après des années d'attente va commencer sa revanche. Elle ne va pas s'en priver!

Quels étaient les objectifs des différentes gauches en 1931? Ceux qui allaient des Anarchistes aux socialistes modérés (appelés par les autres "les bourgeois") ? Ces gauches avaient toutes des points communs entre elles qui étaient :
• L'abolition de la religion,
• De la famille,
• De l'Etat,
• De l'Unité Nationale.
• Du patronat. Radicalement pour certaines, très secondairement pour d'autres.

Elles disaient et répétaient sans cesse que ces institutions étaient des systèmes bourgeois de domination, d'aliénation et d'exploitation des classes laborieuses et qu'il fallait absolument se débarrasser de ces tares pour construire un monde nouveau. (Un seul problème à l'époque : elles pensaient toutes qu'il serait imaginé et géré par chacune d'entre elles, sans tenir compte des autres!)
Avant de passer aux choses importantes, un petit exemple anecdotique, mais qui illustre parfaitement la réussite d'une mentalización dans l'Espagne en "democracia" et cet exemple est le tutoiement. Cher à une partie des gauches et pratiquement obligatoire pendant la guerre sous peine d'être suspecté de fasciste, il est maintenant d'usage courant et presque obligatoire si vous voulez être dans l'air du temps.

Maintenant les temps ont changé et il y a un petit hic! : On ne peut tout de même pas "éliminer" le patronat quand on est patron soi-même ! Alors il faut s'attaquer au reste.....tout en faisant semblant. Prenons d'abord :

1) L'unité Nationale.

A l’heure de la construction de l’Europe, l’Espagne s’est scindée en régions autonomes tout comme une partie du "Front Populaire" le voulait et avait fini par le faire accepter aux autres. Et même au gouvernement "bourgeois" de gauche!

Mais le nom "d’Autonomies" qu’elles ont prises est-il vraiment le nom qui convient ?
C'était la première victoire! Le premier bastion pris à la droite! Il était déjà prévu dans la Constitution de 1978. Chose facile! : Il suffisait de dire que si elle n'acceptait pas elle serait considérée comme réactionnaire et nostalgique du franquisme pour qu'elle cède sans résistance ! Le slogan si utilisé en Espagne : ¡España una ! ¡España grande! ¡España libre! volait en éclats, disparaissait dans les oubliettes en compagnie de Franco. Les autonomistes de tous poils exultaient !
Dans le Pays Basque, l’E.T.A., encouragée par le double langage des politiciens (Il faut bien ménager la chèvre et le chou. Et les bulletins de votes alors?) continue ses actes de terrorisme. Elle ne demande pas l'autonomie, elle demande l’indépendance.
La Catalogne –L'extrême droite en pâlirait de jalousie- interdit la langue espagnole aux élèves dans les écoles jusqu'à l’âge de dix ans(elle l'appelle d'ailleurs avec mépris "le castillan"); les fonctionnaires sont recrutés sur concours en catalan ; les membres de l’enseignement doivent obligatoirement être catalans. Les noms des villes, des rues, toutes les enseignes ont été changées dans la langue régionale. Les imprimés officiels sont écrits dans les deux langues, mais pour combien de temps? Les Catalans seraient-ils d'extrême droite? Non, non! C'est même le contraire ! Cette région, fief de la gauche depuis toujours et championne d'Espagne en la matière, n'est pourtant pas prête à partager ses richesses avec d'autres moins favorisées. Socialistes oui, d'accord, mais quand même!!! Partager ? Oui bien sûr! Mais pas pour donner ! Recevoir c'est mieux !
Un autre des aspects de cette victoire catalane était déjà rêvé en 1936: la conquête des Baléares. Et bien ont pourrait dire que c'est pratiquement acquis puisque leurs habitants ont sauté dans le filet à pieds joints.
Il n'en est pas de même pour l'Aragon. Les Aragonais (dont je suis) n'ayant pas une sympathie débordante pour les Catalans. L'annexion de l'Aragon par la Catalogne ce n'est pas pour demain !
Le Pays Basque, lui aussi, est en train de finir la conquête ou la reconquête de la Navarre. Chose qu'elle n'aurait certainement pas réussi par la force, les Navarrais étant un peuple fort et orgueilleux, pas du tout prêt à se laisser dominer. Il a suffit d'utiliser les bonnes paroles, au bon moment pour que le conditionnement réussisse. La langue basque devient petit à petit obligatoire à l'école et est prévue dans les programmes scolaires, et non plus seulement dans les régions "frontalières", mais aussi aux confins bordant l'Aragon.
Que serait le Pays Basque sans la Navarre? La frontière le séparant de la partie Basque Française ne doit pas dépasser 25 km et encore! : Qui plus est, la Bidassoa constitue une frontière naturelle. Il faut donc absolument que la Navarre redevienne, elle aussi, Basque. Eh bien, on pourrait dire que c'est pratiquement chose faite! N'est-ce pas encore une belle victoire?
L'abolition de l'Etat même s'il en reste quelque chose qui lui ressemble, ce n'est plus qu'une façade. Voilà pourtant ce que disait le camarade BALIUS, anarchiste catalan pur et dur .: -"Le nationalisme est un consensus de classes et pour les lois qui régissent l'Histoire cette notion est tout à fait sans importance et, à la rigueur, une spéculation de politiciens professionnels pour arriver au pouvoir "- (sic)

2) La destruction de la religion et de l'Eglise.

La destruction de l'Eglise et de la religion catholique est, elle aussi, bien avancée. Plus besoin de détruire ou d'incendier les églises : Il ne reste plus que quelques petites vieilles et quelques petits vieux sur leurs bancs et la hiérarchie n'a plus de pouvoir sur le peuple. Pourtant, il faut aller encore plus loin pour qu'elle ne puisse plus relever la tête et, pour cela, il reste encore bien des armes : Sur le plan matériel, restaient les salaires des prêtres et l'enseignement religieux à l'école.
Les salaires des curés, plus personne ne se souvient maintenant qu'ils viennent à la suite d'un accord en compensation de l'expropriation des biens de l'Eglise en 1880 et des poussières, alors il faut les supprimer. Manuel AZAÑA l'avait déjà fait en 1931, Rodriguez (Zapatero) l'actuel président, s'y est déjà attelé, mais il faut le faire en douceur. Et peut-être même "sous la pression de la rue". La réussite sera d'autant plus grande ! Il suffit pour cela de bien préparer l'opinion publique! Si, de 1931 à 1936, les dirigeants n'avaient pas totalement réussi, c'est qu'à cette époque, ils n'étaient pas arrivés à déraciner entièrement des siècles empreints d'un mélange de christianisme et d'une culture arabisante. Maintenant, la "mentalización" est menée à bien par les journaux et la télévision et ces moyens nouveaux -pratiquement tous de gauche en arriveront bien à bout.
Il faut continuer d'attaquer la famille et l'enseignement. Ne sont-ils pas les piliers même de la religion?

3) Alors la famille?

Elle est en complète désagrégation! Le divorce a été rétabli, bien sûr; les concubinages sont passés dans les mœurs. A l'époque, les anarchistes en particulier, n'étaient pas du tout favorables aux unions libres. Ils disaient des gens qui habitaient ainsi qu'ils vivaient "comme des animaux", mais les temps ont changé.
Petit à petit, l'avortement a été légalisé. Pas facile, dans cette Espagne qui était encore imprégnée de catholicisme, mais ça y est, c'est fait, bien fait et admis par tous. Par tous? Enfin pas tout à fait, mais il a suffi qu'on les traite de réacs pour qu'ils la ferme…
Récemment il y a encore eu un progrès énorme: l'Espagne a été le troisième pays à autoriser les mariages entre homosexuels (les) !! Qui l'eut cru! Et en Espagne cela ? L'Espagne des machos?! Les mâles n'étaient donc pas si mâles?...... Faut croire!
Là aussi, il a fallu faire un effort, car dans la période 1931/1939 les homosexuels n'étaient pas bien vus par les gauches et surtout par les anarchistes. DURRUTI les appelait "los sodomitas", et en avait assassiné ou fait assassiner quelques uns. Manuel AZAÑA lui-même avait dû se résoudre au mariage -avec une femme- à l'âge de 46 ans pour se faire accepter dans les milieux politiques.

4) L'enseignement

Il y a belle lurette que les crucifix ont disparu des salles de classes. Rappelez-vous pourtant les tollés que cette mesure suscita en 1931 quand AZAÑA l'imposa. Voici, par exemple celle de Miguel de Unamuno: La présence du crucifix dans les écoles n'offense aucun sens, même pas ceux des rationalistes et des athées et l'enlever offense le sentiment populaire même de ceux qui n'ont pas de croyances confessionnelles. Que va-t-on mettre à la place qu'occupait le traditionnel Christ agonisant? Une faucille et un marteau? Un compas et une équerre? Ou quel autre signe confessionnel? Parce qu'il faut le dire clairement et de cela il faudra s'occuper: la campagne est d'origine confessionnelle et, bien sûr, de confession anticatholique et antichrétienne. Parce que parler de neutralité est une mystification.
Cette fois-ci les choses ont été mieux faites. Il y a bien eu quelques toutes petites protestations de la part du clergé, mais rien de très important. Il a suffit de changer le contexte et faire passer cela "en droit à la laïcité". Restait aussi la suppression de l'enseignement religieux dans les programmes scolaires. C'est fait! A partir du 11 novembre 2005 (l'armistice c'est en France que ça se passe) il ne sera administré qu'aux enfants de parents en ayant fait la demande. Encore une victoire de RODRIGUEZ et du PSOE!

Et les médias ?

J'avoue que là, je n'ai rien compris! Il est vrai que je ne suis pas dans le milieu de la finance. Mais, je ne comprend pas comment cette presse, toute en louange et pommade pour Franco et les siens, est passée du jour au lendemain de la droite à la gauche? Il faudrait que j'approfondisse cette question! Il y a bien une petite explication : l'argent n'a pas d'odeur et en abreuvant les espagnols de ce dont ils avaient manqué pendant 40 ans, il y avait un filon d'or à exploiter! Les nus féminins se vendaient comme des pains et la critique du dictateur aussi !
Conformisme! Conformisme! Vous avez dit conformisme? Comme c'est conformiste!

En dernier lieu, on peut citer une dernière victoire (pourquoi dernière après tout ?). Un fait qui pourrait passer pour anecdotique, mais qui est en réalité peut avoir de grandes conséquences historiques: Rodriguez (Zapatero) a demandé a la hiérarchie catholique de retirer les listes des "martyrs" assassinés par les "rouges" pour qu'il n'existe plus rien du passé qui puisse servir d'affrontements entre espagnols. Bonne initiative que ces simplets d'évêques se sont empressés de faire, (Un bon chrétien ne doit-il pas tendre l'autre joue ?) mais en même temps, Rodriguez fait rechercher les charniers et les fosses communes où Franco aurait fait jeter les victimes de sa répression et cela par devoir de mémoire.

De même, il a fait déménager les archives de la guerre civile, de Salamanca à Barcelone (donc à l'étranger puisque les catalans veulent que la Catalogne soit une nation !) et tous ceux qui ont déménagé savent que dans les déménagements il y a toujours quelque chose qui s'égare!

 

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