L'APOTHEOSE !!!

  Le 31 mars (39), NEGRIN convoque à une réunion le Comité Permanent des Cortes qui se tient à Paris. Il lit un compte rendu sur ses activités à la fin de la guerre, mais il est souvent interrompu par des réactions orageuses. On se lance de violentes insultes suivant ses tendances. Les plus virulentes sont celles échangées entre la PASIONARIA, MARTINEZ BARRIO et ARISQUISTAIN.
NEGRIN,  face à des accusations de PRIETO : -" Soyez franc et un peu généreux et reconnaissez que, malgré la situation insurmontable de la guerre au moment où vous m'avez donné le pouvoir, je l'ai maîtrisé. Et cela même en tenant compte des conditions dans laquelle vous, les professionnels de la politique, l'aviez laissé et tout ce que vous avez fait pour torpiller ma tâche. Car bien plus qu'à la supériorité de l'ennemi et autres facteurs matériels, nous devons aux pièges, à la jalousie, à la jalousie entre partis, à la traîtrise, à la lâcheté de gens de notre bord, le déchirant sptectacle que nous contemplons aujourd'hui. Ce n'est pas les factieux qui ont vaincu notre cause. Non! Elle a été vaincue par les turpitudes de quelques maladrins. Durant presque deux ans j'ai du subir ces trahisons et ses iniquités (...)-. Malgré tout cela j'ai réussi à retarder l'hécatombe d'un an.."-.

Et PRIETO aurait répondu : -" Triste, immensément triste cette confession! Oui, vous avez retardé l'hécatombe, mais en l'élevant à des proportions sinistrement gigantesques"-

Les soldats républicains qui avaient tant souffert et qui avaient tout donné pendant cette guerre auraient été édifiés du spectacle !

L'atmosphère est explosive et la tension augmente encore au moment de se partager le magot. En fait, le résultat de toutes sortes de vols, réquisitions, spoliations, pillages dans les églises et les maisons des "riches". Le fameux butin de guerre dont j'ai déjà parlé et qui avait été amené en France par trains entiers, sans compter les 11 camions dont parlaient mon père et ses amis et qui avaient passé la frontière le même jour qu'eux. Et eux, ils avaient été enfermés derrière les barbelés dans le camp d'Argelès. Des camions chargés d'or et de bijoux, ils n'en avaient plus jamais entendu parler.

Tout comme les bourgeois avaient " leurs pauvres " à qui donner l'aumône, ce beau monde voulait tirer les draps à soi pour assurer une aide à leurs sympathisants .... C'est au moins ce qu'ils voulaient laisser croire.

Au même moment, le steamer VITA quittait Boulogne pour le Mexique, chargé de pierres précieuses et d'objets de valeur qui provenaient en grande partie de confiscations faites au détriment de Nationalistes au début de la guerre civile. NEGRIN expédiait ce trésor à la garde du Président CARDENAS pour assurer la subsistance de la République en exil. Mais lorsque le Vita arriva à destination, PRIETO, qui s'était déjà rendu en Amérique du Sud pour l'installation du nouveau président de la République chilienne, fut là pour le recevoir. Il persuada CARDENAS qu'il avait un droit sur ce trésor, et fonda, peu de temps après, une commission locale du Comité Permanent des Cortes, à laquelle il donna le nom de Junta de Auxilio à los Republicanos Españoles (J.A.R.E.) pour gérer les fonds en question. (Hugh Thomas La guerre d'espagne)

NEGRIN avait, quant à lui, réussi à sauver une part du gâteau. Il fonda le S.E.R.E. ou Servicio de Emigracion para los Republicanos Españoles étroitement lié au Parti Communiste.

  Curieusement, ni mon père, ni aucun ancien républicain que je connaisse, ni aucun autre de tous ceux que j'ai connu au long de ma vie, ne devaient faire partie de la tendance NEGRIN et communiste, pas plus que de celle, socialiste, de PRIETO car jamais, jamais, ils ne touchèrent une peseta ni le plus petit soupçon de commencement d'aide. D'ailleurs je suis convaincu que s'ils en entendirent parler ce ne fut qu'en forme de question. Qu'est-ce qu'il était bien devenu cet immense trésor? (2)
Mais, comme ils disaient tous, avec leur langage : -"il n'a certainement pas été perdu pour tout le monde!!!!-"

Les représentants du peuple, les défenseurs du peuple étaient partis avec le magot!!

D'abord ils avaient livré les réserves d'or de la banque d 'Espagne a Staline. Maintenant ils faisaient main basse sur le butin de guerre fait d'objet religieux d'or et d'argent et de toutes sortes de bijoux,(certains venant des Incas et d'une valeur artistique inestimable) et toutes sortes d'objets de valeur volés ou spoliés à l'autre partie des espagnols (mais pas forcément).

J'ai retrouvé une page qui traite de cet immense trésor dans un livre ( El exilio español de Julio Martin Casas et Pedro Carvajal Urquijo) affichant pourtant sa sympathie pour la gauche. A lire absolument. Cliquez ici

L'Espagne n'était plus qu'un vaste champ de ruines. La haine et la soif de vengeance régnaient partout. Les familles étaient détruites. On se regardait avec méfiance entre voisins et même entre cousins, entre frères .
Viendrait s'ajouter à ceci, la chape de plomb de la dictature, "pour maîtriser" ce peuple bouillonnant. La répression sanglante de la part des vainqueurs puis, les Nations brusquement prises d'une sorte de remord tardif, allaient faire un blocus moral et économique à cette Espagne affamée, totalement détruite et sans aucune ressource.

La guerre avait fait 600 000 morts, combien seront morts ensuite de faim ou de malnutrition,(J'en sais quelque chose: notre base de nourriture étaient des pommes de terre et un mauvais pain marron) de manque de soins, de froid ou de chagrin, de manque de moyens, de désespoir? Sans compter tous les émigrés, déracinés à tout jamais. Et là aussi j'en sais quelque chose........


(1) Je  rappelle que tout ce que contient ce site provient de mon livre dont le titre est:
le choc des deux Espagne

(2)Je me suis toujours demandé qu'était devenu ce "butin de guerre". Produits d'abord de toutes ces réquisitions et spoliations "officielles" puis ceux provenant des vols et pillages. Mon père disait avoir vu onze camions chargés de calices et objets d'or le jour le même jour qu'il avait traversé la frontière française; G. Roux parle de plusieurs trains. Hugh Thomas du "chargement du Vita" parti vers le Mexique et qui ne constituait que la moitié du trésor. Un telle quantité d'objets (dont une bonne partie précieux) ne disparaît pas dans la nature sans laisser de traces. Toutes mes questions sont restées sans réponse. Dans les forums, elles suscitaient même des réactions violentes : -"tout cela ne vaut pas la vie d'un homme"- m'avait dit une interlocutrice, sans que je comprenne très bien le lien entre une chose et une autre. Un visiteur m'envoya une petite information en disant qu'il aurait eu un entrepot pendant un moment à Drancy, mais on ne peut plus trouver de preuves. Eh bien j'ai entendu cette année (2009) un début d'explication:
Une espagnole m'a raconté avoir travaillé chez un antiquaire parisien et elle voyait circuler de nombreux objets religieux chez les antiquaires à Paris et les alentours ( et jusqu'à un autel entier !). Cela se passait dans les années soixante et donc il en restaient encore sur le marché. Seulement, cette feme, de gauche jusqu'à la moelle épinière, donne une toute autre version : l'Eglise (pour elle, seulement la hiérarchie) vendait des objets les plus précieux qui avaient été, le plus souvent, offerts par des fidèles un peu niais. (!!!???) il n'y a pas plus aveugle que quelqu'un qui ne veut pas voir dit un proverbre espagnol........

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