La
bataille de l'Ebre continue avec son lot quotidien de morts et ses conditions
de vie avec lesquelles on pourrait décrire l'enfer. Et c'est ce moment
que l'on choisit pour retirer les Brigades Internationales.
Pourquoi ?
Les
réunions, négociations, prises de positions contradictoires, querelles
de clans, de partis, de tendances, de gouvernements, de pays au Comité
de Non Intervention ; à la Société des Nations et dans
les gouvernements de chaque pays membre, durent depuis le début de la
guerre (et peut-être même avant). Rien de concret et de positif
n'en est vraiment jamais sorti, les pays s'empressant de faire le contraire
de ce que leur langage officiel a convenu . Les dernières discussions
portent depuis quelque temps déjà sur le retrait des "volontaires"
étrangers, et encore faut-il savoir ce que l'on entend par volontaires
étrangers . STALINE, lui, est parvenu à la conclusion que, puisqu'il
ne peut pas arriver à faire une alliance avec l'Angleterre et la France
contre l'Allemagne, il va traiter avec l'Allemagne elle-même. (Le trop
oublié pacte germano-soviétique du mois d'août 1939 où
le dictateur et le " démocrate " se mettront d'accord pour se partager
la Pologne et la Finlande pour l'URSS, les pays Baltes et la Bessarabie roumaine
pour l'Allemagne.) Mais, (parce que il y a un mais) en Espagne, leurs sympathies
respectives vont aux camps opposés. Il a des ressortissants à
lui qui se battent contre ceux d'Hitler et il y a là une contradiction
à laquelle il faut remédier!. Et puis n'a-t-il pas besoin d'avoir
une plus grande liberté de manœuvre pour assurer sa propre défense
? Il faut donc que cesse toute intervention du Komintern dans ce lointain pays
dont il n'a rien à faire.**
De toutes façons, les Républicains avaient toujours trouvé
tous ces gens très encombrants. S'il n'y avait pas eu ce chantage au
matériel de guerre, il y a bien longtemps qu'ils auraient estimé
que leur présence n'était pas nécessaire ni même
souhaitable. Maintenant les aviateurs ont les avions bien en mains et ils sont
devenus des pilotes expérimentés. Quand aux cadres de l'armée,
ils pensent qu'ils sont suffisamment grands pour se diriger eux mêmes.
C'est donc NEGRIN lui-même qui propose, à Genève, le retrait
des Brigades.
C'était
donc cela " les raisons politiques ", " les raisons d'Etats " qu'invoque la
Pasionaria dans son célèbre discours d'adieu aux BRIGADES INTERNATIONALES
. Celles-ci viennent de livrer leur dernier grand combat et
essuyer encore de lourdes pertes le 22 septembre (encore que ces mots "lourdes
pertes" ne peuvent en aucun cas résumer les cas individuels qui sont
autant de drames affreux)Bien sûr que tous ces gens ont, très certainement,
pleuré en entendant ce très bel hommage qu'on leur rend et qu'ils
ont tant mérité. Mais le discours leur est adressé sous
d'immenses portraits de AZAÑA, de NEGRIN et de STALINE. N' était-ce
pas là le summum de l' hypocrisie ?
C'était le 15 novembre 1938 ...................
.......A
propos des Brigades Internationales, dans un reportage sur ARTE, j'ai eu la
confirmation de ce que j'avais déjà lu et entendu: Quand le parti
communiste recrutait des volontaires, il promettait une aide pour leurs familles
pendant la durée de leurs engagements, mais ces promesses ne furent pas
tenues.
Des combattants reçurent des lettres angoissées de leurs épouses
se trouvant dans la plus extrême misère et leur disant qu'elles
n'arrivaient plus à nourrir leurs enfants. Hantés par cette situation,
"certains" (combien ?) cherchèrent à déserter. Ceux qui
n'étaient pas abattus sur place et étaient repris avant la frontière
étaient traînés dans une prison à CASTELLDEFELS.
Là, ils mourraient "officiellement" par hydrocution ou par accident,
mais la majorité mourrait, toujours aussi "officiellement" glorieusement
au front où ils avaient offert leur vie pour combattre le fascisme (!!!)
Seul le gouvernement britannique parvint à signer un pacte avec les républicains
pour sauver ses ressortissants.
Le communiste français André MARTY, chef de la centrale des Brigades,
excella dans ce genre d’actions et s'y tailla une si sinistre réputation
que l’on finit par l'appeler le « boucher d'ALBACETE ».
Dans ceux qui cherchèrent à déserter, il y en avait d'autres
qui s'étaient engagés en croyant que cette guerre se bornerait
à quelques combats de rues et puis, qu'au bout d'un mois ou deux, ils
pourraient rentrer tranquillement chez eux et renfiler leurs pantoufles. Il
y eut aussi des fils à papa à qui la vie bourgeoise de leurs parents
inspirait un sentiment de culpabilité et se trouvèrent, sans trop
s'y attendre, dans une vraie guerre dans laquelle on se tuait avec une férocité
effroyable.
J'ai trouvé le cas d'un tout jeune anglais, presque un enfant, qui, au
moment de se lancer dans un assaut sous un enfer d’obus et de balles,
s'était blotti derrière un arbuste dans la position du fœtus
pleurant, vert de peur et couvert de ses excréments. Son officier l'ayant
aperçu, revint sur ses pas et l'abattît froidement d'une balle
dans la tête.
Il faut croire que la reconnaissance n'est pas le point fort du genre humain
!.
Mais l'immense majorité de ces volontaires se battit avec héroïsme et abnégation, convaincus qu'ils étaient de défendre la liberté et la justice.
** Il enverra
une première fois quelqu'un prendre contact avec l'entourage de Hitler,
mais celui-ci l'ignorera avec mépris.Il faudra un deuxième contact
et ses propositions de partage de pays pour qu'Hitler consente à l'écouter.
Il ne tiendra jamais grand compte de ce traité.