LES HORREURS DE LA GUERRE


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Ce que j'ai remarqué aussi, c'est que, au hasard des circonstances et suivant le vainqueur dans chaque zone, le commun des mortels comme vous et moi, pouvait se retrouver dans un camp ou dans autre sans l'avoir cherché. Il devait alors aller se battre contre des personnes qui était de son propre bord politique, contre son frère, son fils ou son père. Et quand une place était prise, les vaincus étaient exterminés jusqu'au dernier. Cela explique aussi la lutte désespérée de ceux qui étaient sur le point de se faire prendre.

L'exemple le plus flagrant de ce que je viens de dire, et qui fut des premiers dans l'ordre, se passa à MADRID : le général FANJUL s'est retranché dans la caserne de LA MONTAÑA. Il a sous ses ordres un régiment d'infanterie, le corps des sapeurs pompiers, un détachement d'élèves officiers et des falangistes*. Le matin du 20 juillet la caserne est entourée par une masse d'ouvriers armés en proie à une furie indescriptible et des Asaltos. L'attaque est donnée et les assiégés résistent quelques heures.
A l'intérieur, une partie de la garnison veut se rendre et rester du côté des loyalistes c'est à dire des Républicains; un drapeau blanc est hissé et retiré à plusieurs reprises suivant que les partisans d'une opinion ou d'une autre, se sont rendus maîtres des lieux.

Quand, après des luttes acharnées, le grand portail cède, la foule se répand dans les bâtiments. Les survivants sont désarmés, frappés souvent jusqu'à la mort, puis précipités du haut d'une terrasse et ceux qui respirent encore, sont piétinés au sol par une foule en délire, en proie à une crise d'hystérie collective. Un des historiens parle d'une sorte de géant, un colosse, qui en jeta en bas plusieurs dizaines à lui seul. Les blessés que l'on retrouve dans les locaux ne sont pas soignés, on les traîne sanglants, hurlant de peur et de douleur jusqu'à la Carcel Modelo où ils sont fusillés sans avoir pu se justifier.

On n'a pas fait le tri, sympathisants ou adversaires, " bons " ou " méchants ", tous ont été massacrés dans des conditions dépassant l'entendement.

JULIAN GORKIN un écrivain communiste, dit, dans son livre " les communistes contre la révolution espagnole " : un des slogans de DOLORES IBARRURI était " mieux vaut tuer cent innocents que laisser en vie un seul coupable". Ce jour là, elle a été largement écoutée !
Le peuple a aussi ses paradoxes : Seul le général FANJUL (Certains historiens disent et quelques officiers, mais je n'y crois pas) ne fut pas exécuté. On le garda vivant pour le "juger." Il fut jugé le 15 août et fusillé immédiatement


Une petite partie de la cour de la caserne de la Montagne (el cuartel de la Montaña) Photo B. Michal

Le poête Antonio Machado écrira de ce jour:
Los que presenciamos la toma del Cuartel de la Montaña, en julio de 1936, guardamos el recuerdo de una intuición directa, inconfundible y concreta del espíritu arrollador del pueblo madrileño cuando, guiado por un ideal de justicia o enardecido por el sentimiento de su hombría ultrajada, se decide a afrontar todos los peligros, a obrar hazañas que hubieran arredrado al mismo Hércules. Alguien ha señalado con certero tino su semejanza, o mejor dicho su equivalencia, con la gloriosa jornada del 2 de mayo de 1808.

Ceux qui avons assisté à la prise de la caserne de la Montaña, en juillet 1936, gardons le souvenir d'une intuition directe, caractéristique (arrollador: qui emporte tout devant soi)et concret de l'esprit (force) irresistible du peuple madrilène quand, guidé par un idéal de justice et échauffer par le sentiment de sa virilité (Hombria:entre virilité et honnêteté) outragée,se décide a affronter tous les dangers, à faire des exploits qui auraient fait reculer Hercule même. Quelqu'un a signalé, avec un discernement certain, sa ressemblance ou encore mieux son équivalence, avec la glorieuse journée du 2 mai 1808.*

Un seul commentaire: on ne voit certainement pas tous les mêmes choses de la même façon. Comment l'âme sensible d'un poête ne peut-elle pas être horrifiée par tout ce sang et toutes ces victimes même si ce sang n'est pas celui de ses amis ?

*Journée où le peuple madrilène se révolta contre les troupes de l'envahisseur Napoléon
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Notez que j'écris volontairement falangistes et non phalangistes

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