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Flambées de violences

 Dès que les élections (de 1931) ont eu lieu les journaux commencent à diffuser des informations, des rumeurs. On dit que le gouvernement prépare des mesures radicalement anticléricales. L'Eglise qui avait accueilli plutôt favorablement cette nouvelle République commence à manifester des inquiétudes. Les catholiques sont déçus, ils avaient tendu la main, voilà que l'on parle de restrictions de libertés.

Le chien montre les crocs, le chat se hérisse,fait le gros dos et sort ses griffes.

Le premier coup de griffe vient du jeune cardinal Segura, qui publie le 7 mai une lettre pastorale qui est prise par les gauches comme une véritable provocation.
En première partie il rend un hommage à Alphonse XIII et constate que pendant la monarchie les droits et la liberté de l'Eglise on toujours été respectés. Il souhaiterait qu'il en soit de même sous la République. Il prescrit aux fidèles de faire preuve de prudence en politique. Il recommande de ne pas attacher d'importance aux tendances monarchistes ou républicaines, seule importe la défense de la religion.
Et voici le passage principalement incriminé:
Si nous restons calmes et oisifs, si nous nous laissons entraîner à l'apathie et la timidité ; si nous permettons que la voie soit ouverte à ceux qui tentent de détruire la religion, ou si nous comptons sur la bienveillance de nos ennemis pour assurer le triomphe de nos idéaux, nous n'aurons pas le droit de nous lamenter quand l'amère réalité nous montrera que nous avions la victoire en mains, mais que nous n'avons pas su combattre comme d'intrépides soldats prêts à succomber glorieusement"-

Dès le lendemain, ce qui prouvent bien que les rumeurs étaient fondées, sortent les première mesures anticléricales réduisant à néant l'enseignement religieux dans l'Instruction Publique.

Déja le 1er mai à Villafuente (Palencia) le curé du village avait été battu à mort. On l'avait cloué au sol en le traversant avec un bâton. Un "garde civil"avait été tué à Barcelone, roué de coups par quinze personnes.

    Le 11 mai 1931, ( soit moins d'un mois après les élections) à Madrid, des manifestations monstres, réclament l'expulsion des évêques, la dissolution des congrégations, le licenciement de la " guardia civil ". A onze heures, la foule, surexcitée par des agitateurs, se déchaîne. Les couvents de CHANMARTIN, les MERCEDES, les MARAVILLAS, celui de la rue BRAVO MURILLO, du boulevard AGUILERA, celui des carmélites de la PLAZA ESPAÑA, le SAGRADO CORAZON, de la GRAN VIA, celui de SANTA TERESA DEL NIÑO JESUS, les sœurs SALESIANAS, les IRLANDESAS de la rue CLAUDIO COELLO, sont incendiés. On brûle aussi la chapelle des Jésuites de la rue de LA FLOR. Des moines n'ont eu la vie sauve qu'en s'échappant par les toits.

A Valencia, l'évêché, le COUVENT des DOMINICAINS, celui des ADORATRICES, le COLLEGE des TERESIANAS, le COLLEGE des CAPUCINS, celui des VOCACIONES, la MAISON de RETRAITE des CARMELITES, celle des SALESIANAS, celle des SALESIANOS, celle des JESUITES, le COUVENT de SAN JULIAN, celui des AGUSTINAS, le CENTRO ESCOLAR Y MERCANTIL, le COLLEGE de SANTO TOMAS et DEUX SEMINAIRES sont attaqués, saccagés et incendiés.

Ceci pour ne citer que ces deux villes, mais les mêmes évènements et de la même ampleur se sont produits à CADIZ, SEVILLE, MALAGA, ALICANTE, CORDOBA. Pratiquement dans toutes les régions d'Espagne des couvents et des églises ont été incendiés.

Le Gouvernement hésite, il ne peut envoyer la garde civile contre le peuple qui l'a élu. Le peuple qu'il a poussé lui même à la révolte ! En fin d'après midi l'état de siège est quand même proclamé. On reproche à AZAÑA ces longues heures de silence, il répond:"- je préfère voir détruire toutes les églises plutôt que risquer la vie d'un seul républicain"- LARGO CABALLERO proclame -"Ha llegado la hora de ajustar cuentas" (il est arrivé le temps de régler les comptes". Il n'y a pas eu de morts, mais plusieurs moines n'ont réussi à s'échapper que de justesse. Ennuyé par ces événements le Gouvernement rejette la responsabilité sur "les provocations monarchistes"

Le 13, les journaux de droite A.B.C. et EL DEBATE sont interdits; le Cercle Royaliste fermé.

Le 15, le cardinal SEGURA est expulsé du territoire espagnol.

Tous ces désordres sèment partout la consternation. Moins d'un mois après son élection, le gouvernement a été complètement dépassé. Il conserve néanmoins une grande popularité dans les couches populaires. Par contre, l'angoisse se propage dans l'Eglise, les milieux catholiques, la bourgeoisie.

Et cela va continuer avec plus ou moins de violence jusqu'en 1936...

...............Officiellement la guerre civile d'Espagne a commencé le 17 juillet 1936. Cette date est fausse. En réalité elle débuta le 11 mai 1931.

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