Certaines phrases en français peuvent paraître un peu "boiteuses", Etant donné l'importance du texte c'est le prix à payer pour ne pas trahir les auteurs.
Une fois mis en place, le 1er gouvernement de la II République,
créa une commission chargée de l'élaboration de la Constitution.
Elle était présidée par le professeur, socialiste et maçon,
Luis Jiménez de Asúa. D'après le journal des sessions,
étant donné l'urgence, cette commission présenta un premier
projet aux Cortes le 18 août 1931, soit 20 jours après
sa création. L'opinion de son président était que la question
capitale pour la République était la question religieuse. Elle
le sera en effet! Elle donnera lieu à de nombreuses discussions, amendements,
confrontations où l'on en arrivera même aux mains.
On comptait dans ces Cortes entre 151 et 180 députés maçons.
C'est eux qui durciront la Constitution à chaque fois qu'elle sera présentée
et ils n'auront aucune peine à convaincre les autres gauches en majorité
anticléricales. Les quelques députés "catholiques"
n'auront aucun poids dans les discussions et aucun de leurs amendements ne sera
pris en compte.
Ce projet de Constitution fut publié dans le numéro 22 du journal
des sessions qui correspondait au 18 août 1931. Ces premiers articles
concernant la religion paraissaient rassurants et satisfaisants pour les catholiques
et ils ne pouvaient que féliciter la commission.
Luis
Jiménez de Asúa
Il n'existe aucune religion d'Etat.
Sont de la compétence exclusive de l'Etat espagnol les matières
suivantes : les relations entre les Eglises et l'Etat et régimes des
cultes.
Ne pourront être fondement de privilège juridique : la naissance,
la classe sociale, la richesse, les idées politiques et les croyances
religieuses.
Mais arrivaient tout de suite derrière les subtiles, sujets à toutes les interprétations :
Toutes les confessions religieuses
seront considérées comme des associations soummises aux lois générales
du pays.
L'Etat ne pourra, en aucun cas, soutenir, favoriser ni aider financièrement
les Eglises, associations et institutions religieuses.
On pourrait penser qu'il n' y avait là rien de menaçant pour la liberté des croyants, mais les français avaient déjà l'expérience le la loi 1901 sur les associations (aujourd'hui bien comprise et bien appliquée) mais qui, à l'origine, avait été faite uniquement et exclusivement contre l'Eglise catholique. Venaient ensuite d'autres franchement menaçants comme :
L'Etat dispersera tous les ordres
religieux et nationalisera leurs biens.
Les confessions religieuses ne pourront pratiquer leurs cultes qu'à l'intérieur
de leurs temples sans plus de restrictions que celles imposées par l'ordre
public.
Est reconnu aux Eglises le droit , sujet à l'inspection de l'Etat, d'enseigner
leurs respectives doctrines dans leurs propres établissements.
Si les ordres religieux étaient dispersés et leur biens
nationalisés, où et comment les confessions religieuses pourrraient-elles
pratiquer leurs cultes, et enseigner leurs religions? Ce projet de Constitution
était donc une véritable déclaration de guerre aux millions
de catholiques espagnols.
INTERVENTIONS DE DEPUTES AUX CORTES
Manuel
Azaña
Manuel Azaña
: L'Espagne a cessé d'être catholique. Le problème politique
qui en découle est d'organiser l'Etat d'une façon adéquate
à cette phase nouvelle et historique du peuple espagnol....... Si nous
avons l'obligation de respecter la liberté de concience, il est plus
urgent de préserver l'Etat et la République. Ne venez pas me dire
que cela est contraire à la liberté parce qu'il s'agit de santé
publique.
Victoria
Kent.
Victoria Kent, socialiste, à propos de la proposition du droit
de vote pour les femmes: Il est significatif qu'une femme comme moi
qui ne fait que rendre un culte fervent au travail, se lève aujourd'hui
pour dire que le vote féminin doit être reporté. Je ne crois
pas que le moment soit venu de donner le droit de vote à la femme espagnole,
il faudrait pour cela que leurs consciences soient libérées de
l'influence des confessionnaux.
Andrés
Ovejero :
Andrés Ovejero socialiste : Aprés
avoir dit qu'il voterait selon les directives de son parti : J'aurais
présenté un amendement en demandant que la Chambre, dans la Constitution,
reconnaisse le droit au suffrage, non à toutes les femmes espagnoles,
sinon à ces femmes espagnoles qui, en consonnance avec l'article 1.°,
déjà approuvé de notre Constitution, sont en même
temps qu'espagnoles, travailleuses. Avec des nuances diverses, avec une idéologie
différente, Victoria Kent et Clara Campoamor témoignent parallèlement
que la femme espagnole est ici non par une concession, comme un régime
ignominieux le fit, sinon par un droit reconnu par la démocratie; et
méthodiquement je disais : premièrement, Cortes de la République
espagnole, femmes dans les sièges; deuxièmement, élections
législatives, vote aux femmes qui aient émancipé leurs
consciences du confessionnal qui est l'ennemi de l'esprit démocratique
( cris et rumeurs) Et, finalement j'admettais la plénitude
du suffrage féminin quand une éducation aurait terminé
de modeler la conscience de la féminité espagnole, mais celui-là
est mon vote et en ces moments je ne sais pas si, en l'exprimant, je ne commets
pas une imprudence parlementaire.
Roberto Castrovido
Roberto Castrovido Commence par dire qu'il a été impressionné par l'intervention de mademoiselle Kent, puis: Ceux qui en ont peur (du vote de la femme) -et à cette crainte participe le parti radical-socialiste- se trompent, parce que, pour compénétrer la femme avec la République, il est nécessaire et indispensable concéder, bien entendu, le droit au suffrage. (Dans la salle: très bien !). Parce-que, comment voulez la compénétrer avec la République si de notre République nous la séparons? Comment voulez-vous la compénétrer avec la République et la sortir de l'église, si nous nous mettons et nous enfermons, dans un cercle vicieux, qui est une tendance caractéristique des espagnols? La femme-dit-on- ne peut pas avoir le droit au vote tant qu'elle ira se confesser, tant qu'elle aura comme directeur spirituel un curé ou un moine. Et la femme ne sortira jamais de l'église tant que nous ne lui auront pas concédé le vote. Pourquoi est dans les confréries, dans les associations caritatives et dans toutes les associations religieuses, la femme ? Pourquoi est-elle là-bas avec des intentions bâtardes, occultes et hypocrites ? Elle est dans ces groupements parce-que là-bas on respecte ses droits, parce-que là-bas elle boue, parce-que là-bas elle parle, parce-que là-bas elle écrit, parce-que là-bas elle discute, parce-que là-bas elle prend des initiatives..(Un député dans la salle: et qu'elle boit du chocolat !!) Et qu'elle boit du chocolat aussi (Rires)
Angel
Galarza
Angel Galarza : ..........Je
vous dis qu'il arrivera le moment et une époque où il n'y aura
plus de possibilités de que le droit de vote n'appartienne qu'à
une classe, la classe des travailleurs, intellectuels ou manuels, et que le
parasite, homme ou femme n'ait plus le droit d'intervenir dans la législation
du Pays, n'ait plus le droit de vote, et cette avancée, qui sans aucun
doute le sera avec le temps, vous l'empêchez aussi avec cette Constitution.
Quel droit peut avoir la haute noblesse, qui est en train de vivre avec le travail
des autres et de leurs rentes, à intervenir dans notre législation
et dans notre organisation ? On en fait déjà trop si on la laisse
vivre. Je n'ai plus rien à dire (applaudissements)
Raimundo Molina Nieto
Raimundo Molina Nieto (chanoine, député)
Monsieur Jiménez de Asúa dans son brillant discours a oublié
de dire que les principales idées directrices de ce projet de constitution,
la principale idée directrice, est anti-religieuse. C'est elle qui donne
le caractère prédominant à ce projet de constitution. On
peut en déduire que ce n'est pas une constitution pensée pour
donner une nouvelle vie à l'Espagne, sinon imaginée pour la déchristianiser,
pour lui voler sa foi, et malgré que Monsieur le ministre pense que la
foi ne peut pas se voler, la foi, comme la vérité, comme l'honneur,
comme tous les biens spirituels peuvent être volés. Non pas avec
les mêmes méthodes employées pour voler les biens matériels,
sinon en la faisant disparaître de l'âme. Je considère que
le caractère principal de ce projet de constitution est laïc, irréligieux,
athée.
L'article 3 précise : Suppression des instituts religieux.
Article 26 : laïcisation de tout l'enseignement.
Article 27: Sécularisation de tous les cimetières et régime
exclusivement civil pour les mariages et les divorces.
Amendements proposés:
Félix
Gordón Ordás
Félix Gordón Ordás:
La richesse adscrite à des fins caritatives, culturelles ou sociales
en général qui est actuellement dans les mains des fondations
ou associations à caractère confessionnels, reviendra, sans indemnisations,
à l'Etat, mais restera affectée aux mêmes finalités
en conformité avec l'esprit de cette Constitution et des institutions
républicaines
Humberto Torres
Humberto Torres :L'Etat dispersera les ordres religieux et nationalisera leurs
biens. Ceux qui sont voués exclusivement à la bénéficience
pourront continuer à rendre ces services, soumis aux lois de la République
en attendant que l'Etat, les Régions, les provinces ou les municipalités
créent les organisations laïques qui puissent les remplacer.
Juan Sapiña
:
Juan Sapiña : Tous les biens ecclésiastiques, qu'ils proviennent
du clergé séculier ou du clergé régulier appartiennent
à la Nation
Mariano Moreno
Mateo
Mariano Moreno Mateo modifiant l'article 3: A l'intérieur du territoire
de la République il est totalement interdit la fondation et le fonctionnement
d'ordres religieux. Les biens de ceux qui existent actuellement seront nationalisés
dès la dissolution de ces derniers.
Manuel
Carrasco
Manuel Carrasco y Formiguera: (à la suite de Galarza) Ecoutez- moi avec attention si vous êtes démocrates et tolérants, on ne peut tolérer que seulement la moitié des citoyens espagnols ait le droit de vote. Autant l'une comme l'autre moitié des citoyens espagnols sont en majorité républicains et entre ces républicains beaucoup sont catholiques et catholiques (en espagnol católico = homme et católica = femme) En grande partie les catholiques sont républicains comme je le suis moi-même et en régime démocratique on ne peut tolérer que l'on distribue des patentes de républicanisme à personne. Je suis catholique …… Les cris dans la salle l'empêchent de parler et quand, enfin il peut placer quelques mots, il dit au président des Cortes "Monsieur le président je vous fais constater que l'exposition de mes sentiments a soulever une manifestation d'hostilité que moi, en tant que démocrate, je ne peux admettre." Nouvelle tempête de cris dans la salle.
C'est là qu'un député non identifié cria en brandissant un poing "il ne restera ni un seul prêtre ni un seul moine.
Alvarez Buylla
Alvarez Buylla : (expliquant
son vote contre le droit de vote aux femmes) J'ai voté contre
parce que je croyais que concéder le vote aux femmes, je le dis sincèrement,
c'était donner une arme contre la République, et comme je veux
défendre la République, j'ai voté non. Il est clair qu'en
perdant cette votation on a infligé un coup de poignard à la République
comme l'a déjà dit un homme éminent de ce Parlement qui
appartient à vos bancs, (fortes rumeurs) Mais contre
ce coup de poignard, nous nous avons un remède: Le danger du vote des
femmes est dans les confessionnaux et dans l'Eglise; en dispersant les ordres
religieux, nous avons évité le danger de la votation d'aujourd'hui.
Et vous, vous devrez prendre en compte qu'avec la votation d'aujourd'hui vous
avez mis le feu à la mèche.
(Le parti communiste partageait complètement cette idée et dans son manifeste de février 1936 encore, il insistait sur "l'attention spéciale qu'il fallait prêter aux femmes" parce que l'Eglise et ses serviteurs n'arrêtaient pas pour gagner les femmes à leur cause. Et dans cela nous avons du retard. Il faut gagner le temps perdu en organisant rapidement la distribution de littérature, réunions et créations d'organisations féminines. Les femmes, camarades, c'est plus de la moitié des suffrages !)
Fernando
de los Rios
Fernando de los Rios avait été
profondément marqué par deux faits qu'il racontait souvent dans
les couloirs des Cortès. Si l'un était vraiment intolérable,
l'autre relevait de l'anecdote.
Les cimetières espagnols de l'époque étaient séparés
en deux parties, d'un côté, le cimetière catholique et de
l'autre le cimetière civil.
A en juger par ces deux récits, l'athéisme et l'anticléricalisme
de la famille De los Rios devaient être de notoriété publique.
Or, pour l'enterrement du beau-père de Fernando, la famille avait du
aller demander la clé au prêtre ayant en charge le cimetière.
Or celui-ci eut un comportement particulièrement odieux et inqualifiable
pour un prêtre : Il refusa de donner la clé du cimetière
civil et la famille avait été obligée de passer le cercueil
par dessus le mur provocant un macabre déplacement du corps dans le cercueil
et l'indignation plus que justifiée de la famille.
Le second, qui prête plutôt à rire, l'avait presque autant
choqué : Une soeur de la Charité qui demandait l'aumône
pour ses pauvres alla frapper, apparemment par erreur, à sa porte. A
sa vue, elle eut un mouvement de recul, refusa l'obole qu'il lui tendait et
s'enfuit terrorisée comme si elle avait le diable en personne.
Son anticléricalisme, moins visible dans ses discours publics, était
devenu depuis particulièrement violent. Dans son discours d''introduction
des débats il concluera avec ces mots : -"Aporto asimismo el sereno
dolor que representa en España el haber vivido siempre dentro del grupo
minoritario que ha sufrido en la carne de su espiritu la persecucion"-
Des mots savamment choisis pour faire savoir sa douleur ou sa rancune sans que
cela n'y paraisse et sous une forme extrêmement modérée
Parlant du Cardinal Segura qui avait déjà été expulsé
d'Espagne : Je dis, un triomphe pour la République et pour l'Espagne
parce que ce secteur, qui est plus politique que religieux et le nid à
l'intérieur de l'idée religieuse d'une bellicosité politique,
est vaincu. Et il l'est par l'expresse déclaration de la justification
de notre conduite. Cette commission, sans que le gouvernement lui ait donné
une orientation a une pleine autonomie morale pour décider quelle va
être la situation de l'Etat face à l'Eglise.
L'Etat demande des actions à l'homme, actions qui serviront à
tisser la conduite de la communauté, mais l'Etat ne peut demander à
l'homme ni émotions ni sentiments ni croyances et c'est pourtant dans
le règne de l'émotion, des sentiments et des croyances que vivent
la foi et la confession. Pour cette raison, devant le seuil de la foi, de la
croyance, de l'émotion du sentiment, l'Etat, ce n'est pas qu'il ne peut
pas, c'est qu'il doit se maintenir éloigné et neutre. C'est à
dire que l'Etat doit être aconfessionnel.
En écoutant cette argumentation,
on pourrait penser qu'il était favorable a une émancipation de
l'Eglise vis à vis de l'Etat. Il fallait, pour cela, savoir ce qu'il
entendait par Etat aconfessionnel. Son discours va durer des heures. Il va aller
de la nécessité de maintenir la religion soumise à l'Etat;
à démontrer qu'il n'y avait aucune justification à ce que
l'Etat soutienne financièrement l'Eglise de quelle façon que ce
soit puisque, selon lui, ses biens saisis par les lois de "désamortissements"
au XIX siècle avaient été suffisamment amortis. Puis s'attaque
à démolir le statut de Corporation de Droit public qu'Enrique
Ramos, membre de la commission qu'il avait lui-même nommée, avait
proposé de donner à l'Eglise. Finalement, selon lui, restait un
seul point à débattre : savoir si on devait ou non donner le droit
aux Ordres et Congrégations Religieuses d'acquérir et de posséder
des biens et avoir des droits. Cette liberté supprimée depuis
une loi de 1820, mais plus ou moins bien appliquée durant tout le XIX
siècle était pourtant difficilement explicable aux yeux du monde
de la part d'un Etat "démocratique", mais priver toute une
partie de la population de ses droits les plus élémentaires et
en particulier de ses droits civils ne lui posait apparemment aucun problème
moral.
Il reconnaitra pourtant à un moment : ....Au milieu d'elles (des
institutions religieuses) il y a de même les soeurs de la Charité
que les frères de Saint Jean de Dieu, et face à elles toute divergeance
dogmatique disparaît pour n'en voir qu'un témoignage de l'abnégation
qu'est capable une âme remplie de foi (applaudissements venant
à peu près de tous les côtés de la Chambre)
Gil
Robles
Gil Robles (présenté
comme un homme d'extrême droite très dangereux ) Essayant
de défendre les droits des congrégations: …… la dissolution
des ordres religieux et la nationalisation de leurs biens est contraire à
l'essence de la liberté individuelle, contraire au droit d'association,
contraire au principe d'égalité. Les vœux qu'ils prononcent
(et que cette Constitution allait interdire) ne seront jamais qu'un acte administratif
de la propre personnalité, qui pour ne concerner qu'un acte de conscience
qui se meut dans l'esprit de l'individu, est immun à toute ingérence
de l'Etat.
Et à propos des établissements tenus par des religieux ou religieuses
:Je vous inviterais aussi à aller visiter tous ces établissements,
dans lesquels, dans la majorité des cas l'Etat lui-même n'a pu
arriver (un député non identifié dans la salle:
il y arrivera !) S'il y arrive !!
…..Nous entendons que ce projet constitutionnel tel qu'il est rédigé,
est un projet de persécution religieuse et par conséquences nous
ne pouvons l'accepter dans ces conditions. En m'exprimant ainsi vous savez que
je ne parle pas en mon nom propre, je parle au nom de centaines de milliers,
de millions de catholiques qui pensent exactement comme moi (Pérez
Madrigal dans la salle: Et nous, qui représentons-nous ? Où
sont donc ces députés catholiques ?)
Le président à Pérez Madrigal : -Vous parlerez quand vous
aurez la parole-
Gil Robles : Nous ne pouvons, messieurs, accepter ce projet de constitution
et nous affirmons que, à l'intérieur de la légalité,
sans violences, sans appels à la force, sans guerre que notre doctrine
nous interdit, nous déclarerons hostilité à ce projet de
constitution dans l'hypothèse où soit approuvée une mesure
persécutrice, tant dans le texte constitutionnel, comme potentiellement
pour l'avenir; que, si un texte de cette nature était approuvé,
pour notre part nous déclarerions ouverte une nouvelle période
constituante. (Hurlements dans la salle)…. Que dans la légalité,
je répète, nous déclarerions pour notre part une nouvelle
période constituante dont la durée ne nous effrayerait pas (Plusieurs
députés dans la salle: -et à nous non plus !-
Ce n'est pas, messieurs, que la persécution pour ce qu'elle puisse avoir
d'attaques contre l'Eglise, me fasse peur. Ne vous étonnez pas que je
dise, parce que le Ministre de Justice l'a dit avant moi, que ces mesures de
persécution seront d'une certaine façon bénéfiques,
parce que, même si l'Eglise est une institution divine, elle est dans
ce monde, elle est composée d'êtres humains et elle participe à
leurs imperfections, de la même façon que la poussière arrive
à s'accrocher même sur les meubles les plus fins. Cette persécution
servira à nous purifier. Arrivent des persécutions ? Cela m'importe
peu ! Pour moi, messieurs, ceci est éternel, ceci ne peut pas mourir
! Purifiez nous avec votre persécution, mais le triomphe est à
nous ! ……….. Ce matin je disais à Monsieur Alomar de
qui me séparent tant d'abîmes, mais me rapproche un profond sens
spirituel, je lui disais que pour moi la norme politique suprême est celle
qui lui a rempli les yeux de larmes et qui à moi me tranquillise, c'est
que par-dessus toutes ces luttes, il arrivera un moment d'amour parce que je
vous dis ce que je lis tous les jours dans l'Evangile : Aimez vos ennemis, faites
le bien à ceux qui vous persécutent et vous calomnient et vous
serez les fils de Dieu. Je lutterai pour vous dans de grandes batailles pour
mes idéaux, mais j'aurais toujours la compréhension suffisante
pour ne voir que des frères en vous. (Applaudissements)
Molina Nieto
Molina Nieto : Vous pourrez faire une Espagne républicaine, mais vous
allez vous fracasser si vous essayez de faire une Espagne anticatholique
Rodriguez Piñero
Rodriguez Piñero
Rodriguez Piñero: Il y a des ordres de bénéficience qui
doivent demeurer en Espagne pour une raison que je vais vous dire : Avons-nous
quelque chose qui puisse les remplacer? Non, nous ne l'avons pas. Quand nous
l'aurons nous pourrons procéder à leur dispersion, mais pas pour
l'instant.
Luis de Tapia
Luis de Tapia. Commentant le discours du ministre de la Justice
: Moi, portant plus loin l'extrême, je considère qu'en incluant
l'Eglise dans une loi commune des associations, il faudrait procéder
avec précaution à son égard, parce que je ne crois pas
que l'Eglise soit une association comme une autre, sinon qu'elle est pire que
les autres. En la soumettant à la loi sur les associations, la prudence
est nécessaire et vérifier si tous les buts qu'elle utilise dans
l'enseignement sont licites et, en concurrence industrielle, tout cela qui pourrait
être préjudiciable à l'Etat.
….. Parce que, même en respectant celles à caractère
bénéfique, elles serviraient de funeste précédent
à toutes qui voulant s'infiltrer prendraient une modalité ressemblante
et, à travers le temps, il en résulterait qu'étaient venues
autant de congrégations disposées à faire le bien, qu'elles
en finiraient mauvaisement avec nous.
……..Il ne faut pas faire de concession minime, maxime pour nous.
Il en résulterait que l'Eglise se renforcerait spirituellement, et en
se fortifiant spirituellement en étant indépendante de l'Etat
et en disposant elle-même des puissants moyens qu'elle a, elle le serait
aussi matériellement; les subsides du clergé continueraient d'être
distribués pendant sept ans; c'est-à-dire: Eglise forte et clergé
payé, se maintiendraient les associations religieuses de charité
et sous leurs ombres viendraient les autres associations de façon que
nous en arriverions à une situation très peu distante de l'existante.
Et, quel effet produirait-elle dans le peuple ? Qu'auriez-vous obtenu avec cela
? Peut-être auriez-vous désamorcé une guerre civile, mais
peut-être auriez déclenché une révolution, parce
que vous pensez beaucoup à la majorité catholique du pays,
que je crois, oui, en majorité même si elle ne me paraît
pas très catholique (Rires) mais vous aurez abandonné un peu la
minorité anticléricale. Vous nous aurez laissé en
marge. A ce que l'on voit, vous vous préoccupez plus de désarmer
une montagne et peut être que vous armez la rue; et il serait très
triste qu'en ayant, nous, le Pouvoir nous soyons dans l'obligation de l'employer,
non pour punir nos ennemis, sinon pour réprimer nos amis en devant employer
contre des affins, la force que nous n'avions voulu employer contre les adversaires.
(Applaudissements)
De famille très modeste, Luis de Tapia avait fait ses études aux
"escolapios" tenus par des religieux !
Álvaro
de Albornoz.
Álvaro de Albornoz. Au début du discours : je
dirais aux éléments catholiques que je serais incapable, ni au
pouvoir ni en dehors du pouvoir, de persécuter ces éléments.
Dans le discours : Notre Nákens à fait le commentaire
suivant : L'Eglise esclave dans un Etat souverain ! Moi qui suis un homme de
droit, je ne partage pas cet avis extrême de notre écrivain républicain
mais je dis oui à ce que, dans la loi commune il soit nécessaires
d'implanter les garanties nécessaires pour que l'Eglise en se limitant
à agir à l'intérieur de sa sphère propre et régulière,
n'envahisse pas la vie politique et la vie sociale dans lesquelles l'Etat ne
peut permettre des ingérences étrangères et encore moins
des ingérences à caractère perturbateur. (?!)
Vers la fin du discours: Nous allons séparer l'Eglise
de l'Etat, mais moi je vous dis : Et de l'enseignement qu'allez-vous faire ?
Vous allez séparer l'Eglise de l'Etat en lui laissant l'enseignement
? Sur ce point, et sans préjudice que cette matière soit traitée
par une voix plus autorisée au nom de cette minorité, ce qui l'intéresse
(à cette minorité) en ce moment c'est faire les trois manifestations
suivantes : Premièrement, l'enseignement, messieurs les députés,
est une fonction que l'Etat ne peut ni éluder ni décliner. Deuxièmement,
la liberté d'enseignement n'est pas, et n'a jamais été,
historiquement un principe libéral. Condorcet le grand pédagogue
de la révolution proclame le droit de chacun à enseigner ses doctrines,
mais le droit d'enseigner des vérités, non pas d'enseigner des
dogmes et Mirabeau le grand politicien de la révolution préconise
un système d'instruction publique à former une conscience nationale,
interdisant l'enseignement à toutes ces corporations représentatives
d'intérêts particuliers. Le drapeau de la liberté d'enseignement,
il convient de le dire ici, en ces moments, messieurs les députés,
n'est qu'un drapeau clérical.
Qu'on ne vienne pas m'opposer le pauvre curé de campagne, perdu là-bas
dans les montagnes qui a à peine de quoi manger avec ce que lui donne
l'Etat et qui mène une vie misérable"- L'Eglise n'a qu'a
répartir équitablement ses richesses pour ne pas qu'elle vienne
demander l'aumône pour son pauvre curé de campagne, cette aumône,
qui n'est pas aumône sinon justice, doit être faite par les princes
de l'Eglise qui, avec leur opulence insulte la misère du peuple. (Tonnerre
d'applaudissements dans la salle.)
Par conséquent, nous n'avons pas à nous préoccuper parce
qu'il n'y en a besoin de procurer des ressources pour qu'elle puisse vivre que
la séparation soit effective avec l'Etat espagnol. Au contraire, messieurs
de la gauche, au contraire, ce qui doit nous préoccuper c'est de limiter
la capacité acquisitive de l'Eglise, parce que, il serait vain de vouloir
limiter le pouvoir de l'Eglise en lui laissant un énorme pouvoir économique,
une énorme puissance économique. Les ordres monastiques ont une
existence absolument illégale…….les règles d'une congrégation
monastique sont antihumaines et antisociales. Comment est-il possible, messieurs
les députés, qu'on puisse se lier moyennant un contrat pour une
vie contemplative et pour la pauvreté alors que la mendicité et
l'oisiveté constituent un délit selon le code civil pénal
?
On voit dans ce discours qu'Alvaro de Albornoz commence avec des propos
tout à fait modérés et tolérants, puis s'enflamme,
se durcit, n'hésite pas à utiliser la démagogie Il finira
par demander l'expulsion des jésuites, "capteurs d'héritages",
"alliés de la ploutocratie", "grands actionnaires de banques",
"éditeurs de journaux réactionnaires incompatible avec la
révolution espagnole", et des dominicains selon lui "responsables
de la rébellion tagala".
Enrique Ramos
Enrique Ramos était l'auteur matériel de l'introduction
et de l'article sur la corporation de droit public destiné à l'Eglise.
Cet article avait été démoli par Domingo de los Ríos
et bien que celui-ci était de son bord, apparemment il en avait été
ulcéré.
Monsieur le ministre de la Justice a attaqué avec un tel brío
et une telle véhémence l'article sur la corporation de droit public
que je me vois dans l'obligation de le défendre. Après les paroles
brûlantes de monsieur le Ministre de la justice, cet article ressemble
à un dangereux artefact, plein de gaz délétères
et de substances explosives qui pourraient porter atteinte à la vie et
la subsistance de la République et ces paroles prononcées par
qui à une si haute et méritée autorité comme professeur
et comme homme politique ont laissé une spéciale impression dans
la Chambre, …………..pourtant il convient que toutes les
personne qui aient le plus d'autorité en la matière contribuent
à son éclaircissement.
Il ne s'agit pas d'une machine infernale. Si je vous disais qu'un simple syndicat
de paysans irrigants d'une petite commune est une corporation de droit public
vous la regarderiez déjà avec moins d'agressivité, avec
moins d'hostilité. La plus modeste municipalité est une corporation
de droit public. C'est pourquoi je vais m'attarder à étudier ce
concept parce que je voudrais provoquer chez le propre Ministre de la Justice
et autres personnes de la plus haute autorité juridique, une explication
plus arrêtée que celle que Monsieur de los Rios fit hier en ne
faisant que l'effleurer.
Je vous dirais…………………………………………………………………………………………………….de
façon que si l'Eglise d'Espagne arrivait à mériter la qualification
de corporation de droit public, elle ne recevrait que les attributions que l'Etat
voudrait bien lui donner et comme c'est l'Etat qui, unilatéralement,
par un statut ou par une loi appelons-le comme on voudra, tracera les facultés,
les droits et les obligations de l'Eglise, ce sera l'Etat qui marquera jusqu'à
quel point cette forme d'autonomie lui est concédée. Je n'ai techniquement
pas trouvé d'autres formules pour que l'Eglise reste soumise à
l'Etat.
Jerónimo
García Gallego
Jerónimo García Gallego : Messieurs les députés,
d'une constitution de liberté, vous avez fait une constitution anticatholique.
Que signifie cela, messieurs les députés, sinon le faux préjugé
que vous avez, de que la religion catholique est ennemie de la liberté
? Comment si non agissez-vous ainsi ?
Vous savez parfaitement, tous ceux qui m'écoutez, que la religion catholique,
bien comprise, la religion catholique bien appliquée, non comme l'entendent
certains qui se disent catholiques et qui dans le sens que je fais référence,
la profane fréquemment autant sur le terrain politique que sur le terrain
social, la religion catholique, comme le justifie l'Histoire universelle, depuis
l'apparition de la Croix sur le Calvaire, est par excellence, la religion des
droits de l'homme, la religion de la démocratie, la religion de la liberté
quelques députés : Très bien ! Un autre député
: et de l'inquisition! J'ai déjà suffisamment répondu à
cette interruption quand, l'autre jour, j'ai eu l'honneur de m'adresser à
cette Chambre. Parce que cette religion, à part quelques considérations,
vous n'allez pas le nier, est la mère, la fondatrice de la grande civilisation
politique européenne, avec toutes ses splendeurs avec toutes ses grandeurs,
avec toutes ses spiritualités qui, aujourd'hui encore, laissent sentir
fortement et constamment son influence dans tous les champs du droit, tant dans
le privé que dans le public, dans toute l'atmosphère sociale qui
nous entoure, dans toutes les grandes institutions politiques desquelles nous
nous enorgueillissons comme d'un singulier blason, tous les européens,
tous les hommes civilisés.
....................Vous me direz que cette protection politique de l'Etat,
due à sa confessionnalité, faisait que l'Eglise jouisse d'un régime
de privilège. Mais moi je vous répond que cela était dans
le terrain des lois, mais n'était pas vrai dans le terrain de la réalité,
dans le terrain de la pratique. Et c'est que les lois, messieurs les députés,
vont toujours derrière les réalités sociale ou simultanées
avec elles, et comme la réalité politique ne permettait plus certaines
catégories de privilèges et d'intangibilités, par conséquence
même si ces privilèges étaient écrits dans les lois,
dans le Concordat et dans la Constitution, ils n'étaient pas suivis d'effets.
Par conséquent, ce que vous allez réussir n'est pas si important
que le pensez et les dommages que vous allez causer sont, par contre, très
grands.
Avant, par exemple, il était interdit de parler et agir contre la religion
et contre ses institutions dans beaucoup de cas et, par contre, que se passait-il
? Eh bien, simplement que chacun parlait et agissait contre la religion quand
il en avait envie dans la presse, à la tribune, à l'université,
dans les livres, au parlement, partout. Cette protection politique n'a apporté
aucun fidèle à l'Eglise, en résumé, n'a servit à
rien. Cela prouve plus qu'il en faut que ce que vous allez faire, en blessant
le sentiment religieux national a, du point de vue des gauches, un résultat
probable absolument inférieur à celui que vous avez imaginé.
Ne croyez pas que je dirige des menaces contre la République, parce que
vous savez que j'y adhère sincérement, mais je ne parle pas comme
personne privée, je parle comme espagnol, comme patriote, comme homme
d'ordre, comme républicain, pour vous dire que si la République,
même si elle ne l'est pas, apparaît comme ennemie des catholiques,
ceux-ci se déclareront ennemis de la République, identifieront
la forme de gouvernement avec son contenu; n'apprécieront que sous une
forme de gouvernement, qui aujourd'hui est républicaine, demain il puisse
y avoir un gouvernement de droites qui fasse une autre loi fondamentale, vous
l'aurez condamnée à mort avant de naître, et diront que
République est synonyme de persecution religieuse et démocratie
est synonyme d'incrédulité et de cette façon, les institutions
républicaines pourront arriver à chanceler ou à craquer
ou à tomber
Martinez de Velazco
Martinez de Velazco Réellement
il vous a manqué le courage nécessaire pour affirmer que votre
intention était de "décatholiser" l'Espagne et que,
quand il s'agissait de définir les droits inhérents à la
personnalité humaine, ceci n'était applicable qu'à ceux
que, parce que vous les considérez affins, vous estimiez qu'ils ne pouvaient
constituer une difficulté, un danger ou une contradiction avec vos propres
croyances.
Raimundo Molina Nieto
Raimundo Molina Nieto ............Je vous dis que vous avez su apporter la République et que peut-être vous ne sachiez la conserver. Cette exclamation est celle qui jaillit de beaucoup de lèvres en ce moment; c'est cela que ressentent beaucoup de ceux qui ont été déçus en vérité dans leurs bons désirs de coparticipation loyale et généreuse avec les nouveaux hommes et avec les nouveaux procédés; qui ont été déçus dans leurs espoirs généraux qu'on leur avait donné d'une démocratie dans laquelle ils cohabiteraient et où tiendraient, non seulement les socialistes, les radicaux socialistes et tous les groupements gouvernementaux, sinon tous ceux-là qui ne figurant pas dans leurs troupes, sont aussi gouvernementaux comme le premier, parce qu'ils se laissent influer de ces deux principes suprêmes : le respect au pouvoir constitué et celui de la collaboration forcée au bien social, que non seulement les empêchent de provoquer des conflits contre l'exercice de l'autorité, sinon qui les stimulent en même temps à faire les plus grands sacrifices pour le bien public; qui ont été déçus dans leur espoir de cette démocratie qui allait accomplir le postulat essentiel de la même, le respect à la conscience individuelle et aux droits sacrés personnels qui jaillissent d'elle et avec elle ont intime relation, sans ce respect, messieurs, le démocratie peut se convertir en une tyrannie qui usurpe ce beau nom pour couvrir les plus grands délits de lèse civilisation et de lèse humanité, qui ont été déçus dans l'espérance de cette démocratie, dans laquelle, croyants et non croyants, catholiques et dissidents, pourraient, sans détriments pour les libertés invulnérables de l'esprit, coexister dans la légalité nationale, dans la vie citoyenne qui s'embellit avec la diversité des nuances dans tous les aspects, les plus intéressants pour l'homme de tous les temps, et qui se fortifie précisement de la corrélation d'éléments si opposés; qui se voient déçus dans l'espoir de cette démocratie dans laquelle chaque comportement serait contôlé et la soumission légale de tous assurée, mais dans laquelle, en même temps, la liberté et l'égalité cesseraient d'être un leurre pour attirer des adeptes et une étiquette pour introduire des nouveaux genres politiques et seraient consacrées dans toute son amplitude, comme l'exige sa propre nature, sans étranglements injustes et toujours et pour tous restent dans cette Constitution définies et garanties; d'une démocratie, messieurs, non pas fédérable, mais fédérée - que de ce point on peut parler sans risque pour quelqu'un, au contraire pour le profit de tous-, d'une démocratie où toutes les zones spirituelles, avec ses variétés idéologiques, sentimentales et religieuses, coïncident dans le culte à la patrie, dans le sentiment d'unité nationale et dans l'idée commune de l'acceptation d'une même catégorie politique;d'une démocratie, enfin, de tous les espagnols et pour tous les espagnols. (dans la salle : Très bien !)
Deuxième session du débat
Amadeo Hurtado
Amadeo Hurtado démontre, avec ce discours, être un homme d' une grande culture, avoir une ouverture d' esprit et un très haut sens de l' honneur . Dommage que son discours soit trop long pour le retranscrire dans son intégralité.
……Tant que les hommes
auront besoin d' une consolation pour leurs souffrances, une espérance
pour leurs aspirations, une vérité dogmatique qui limite, à
l' intérieur de leurs horizons mentaux, une soif insatiable de connaître
la Vérité absolue, seront nécessaires les confessions religieuses
dans lesquelles ils trouvent cette consolation, cette espérance et ce
besoin de vérité; et si quelqu'un peut dire avec honneur qu' il
fait respecter toutes les confessions, c' est celui-là qu 'avec raison
ou sans elle, croit que dans la force du propre esprit se tient la source de
tous les dons qu' on demande à une confession religieuse.
Ici le problème confessionnel, le problème religieux est réduit
au problème des relations entre l' Etat et l'Eglise catholique, parce
que l'Eglise catholique a été l' unique religion officielle, l'
unique religion consentie. Ici cela a été un dogme, en même
temps que loi, l' unité de la foi catholique comme un obstacle à
la liberté de toutes les confessions et à toutes les libertés
de la pensée et de la conscience; c' est pour cela que nous ne devons
discuter uniquement de nos relations avec l'Eglise. Et dans cela aussi nous
sommes arrivés à un accord puisque tout le monde est d' accord
pour admettre que la seule possibilité pour ces relations est la séparation
de légalise et de l' Etat. Catholiques et non catholiques coïncident
dans cette même pensée.Mais les divergences commencent quand on
parle des modalités de cette séparation. Les premières
divergences sont accidentelles, mais il y en a une plus importante; Il y en
a certains entre lesquels j' ai l' honneur de me trouver, sommes partisans,
non seulement d' une séparation, d' une indépendance absolue,
entre l' Etat et l'Eglise. Indépendance absolue sans que l' Etat envahisse
les fonctions spirituelles qu' on attribue à l' Eglise, et sans que l'Eglise
envahisse ni perturbe les fonctions propres de l' Etat. Et la divergence surgit
quand, dans de grands secteurs de cette chambre a été dit et il
est prétendu que le régime de séparation, comme conséquence
immédiate la soumission de l'Eglise à l' Etat. L' ont dit, dans
des termes on ne peut plus clairs, Monsieur Torres, de la minorité de
la gauche catalane; Monsieur Albornoz, au nom de la minorité radical-socialiste
et en termes plus voilés, plus juridiques, Monsieur Ramos, au nom de
la minorité d' Action Républicaine.... Je ne vais pas entrer dans
une discussion purement théorique pour savoir si l'Eglise doit être
ou nom une Corporation de Droit Public puisqu 'elle sera une institution entièrement
soumise à l' Etat.
Mais ce concept que Monsieur de los Rios réfutait de Corporation de Droit
Public pour l'Eglise, parce qu' il ne voulait pas lui attribuer des fonctions
de souveraineté, moi je les réfute aussi pour l'Eglise, parce
que je ne veux pas d'une Eglise soumiseà la souveraineté l' Etat.
De façon que, partant de points opposés, nous arrivons de fait
à la même conclusion........
............Un autre fait historique antérieur à notre révolution
est passé inaperçu à beaucoup d'hommes. Il devrait produire
des conséquences très importantes en rapport avec le problème
que nous sommes en train de discuter. Je fais référence aux pactes
de Letran qui restituèrent à la papauté son ancienne juridiction
de puissance temporelle à l'intérieur du minuscule Etat, la cité
du Vatican. Quand les traités de Letran ont été signés,
l'Etat fasciste les a inscrits comme un triomphe à son avoir et beaucoup
de catholiques crurent que que le Pontife romain avait signé une capitulation.
Il a succombé juste pour obtenir un concordat qui déclare la religion
catholique religion d'état, il a succombé pour résoudre
la fameuse question romaine. Cela a été un concept très
général entre les catholiques....
Mais, pour une politique de prestige spectaculaire, le fascisme tomba dans l'erreur
de résoudre en grand bruit la question romaine et, le jours suivant de
la signature des pactes de Letran, on a pu observer comment l'Eglise catholique
qui avait déjà un rayonnement universel, a été transformée
de fait et selon la prédiction de Sonnino, le ministre italien des Affaires
Etrangères, en une institution publique internationale et maintenant
qu'elle le veuille ou non, par la force écrasante des faits, elle se
sent chaque jour plus poussée a affirmer une politique d'indépendance
totale des Etats nationaux....
Suit une fine analyse de l'Histoire de l'Eglise dans l'Espagne et aussi dans le monde, sans parti pris et avec une grande objectivité, puis une prédiction de son évolution dans le temps. Celle-ci s'avèrera juste non seulement dans les années suivantes, mais encore aujourd'hui. Un seul petit reproche : des attaques contre les députés "catholiques" présents qui étaient plutôt l'expression de ses rancunes personnelles d'origine politicienne et qui ne se confirmeront pas dans l'Histoire.
Je sais qu'une hostilité glaciale m'attend.
C'est le discours que l'on prononce quand on a plus rien à perdre et
que l'on est disposé à le perdre tout. Je sens la solitude autour
de moi ! ….
Ce rapport de la commission est l'œuvre d'une offuscation qui ne voit que
le préjugé religieux capte les consciences et s'en empare. C'est
la persécution d'une déterminée confession qui abusa du
privilège, mais que, pour cela, ne mérite pas l'injustice.
Il pense, en résumé, que le texte débattu prive
les catholiques de leurs droits: ceux de choisir leur profession, ceux de réunion,
la restriction du droit de propriété, la mutilation du droit à
enseigner, la méconnaissance de la pratique du culte et de la religion.
• On prétend introduire une diminution évidente
du droit de choisir une profession, en interdisant qu'entre autres options,
ils choisissent la vie religieuse.
• Une vétille opposée, pour réduire à l'esclavage
dans des applications déterminées, le droit de réunion
ou peut-être aussi de manifestation, en se référant à
l'interdiction de célébrer des actes de cultes en dehors des locaux
des temples, avec le problème que suppose la tradition populaire des
processions et des transports, publics et solennels, des corps aux cimetières.
• Une restriction de la garantie de propriété, plus ou moins
affirmée pour tous, en claire allusion aux prétentions de l'occupation
immédiate et consécutive nationalisation de tous les biens des
ordres et congrégations religieuses.
• Autre mutilation du droit d'enseigner, avec la prétention d'interdire
aux religieux le droit de se consacrer à l'enseignement.
• Une diminution du droit d'association venant en référence
à la suppression des instituts religieux.
• Et, en définitive, une méconnaissance relative de la propre
pratique du culte et de la religion.
Puis s'adresse aux catholiques de toute l'Espagne:
Vous voyez cela, vous le sentez comme une injustice et je vous affirme
que s'en est une? Car, en dehors de la République, jamais. Dans la République,
en supportant l'injustice et en aspirant à l'améliorer sans grossir
les rangs de l'opposition monarchique. En dehors de la République jamais
! En dehors du gouvernement, ah ! Ça ce n'est pas moi qui décide,
ça c'est vous qui le décidez. Si malgré mon désaccord
avec la formule constitutionnelle –si celle-ci l'emporte- vous estimez
que dans les heures difficiles qui restent jusqu'au vote de la constitution
je suis toujours utile, là est mon sacrifice.
Il termine en se déclarant en dehors de la constitution et il
prend la détermination de la réviser par les voies démocratiques
et quand il aura réussi, il se retirera de la vie publique
Angel Samblancat.
Angel Samblancat intervient tout de suite après l'interruption de séance.
On remarque qu'elle avait été interrompue pour diner.
Le rapport de la commission dit qu'il dispersera les Ordres religieux,
il faudrait qu'il dise qu'à partir de ce moment ils sont automatiquement
dissouts et ses biens nationalisés. Il faut tout humaniser! Il faut humaniser
Dieu en faisant descendre ce tyran du ciel à la terre; humaniser le Christ
en disant que l'Histoire des idées libérales est pleine de christs
entre lesquels il faut compter l'anarchiste Ferrer et Giordano Bruno. Il faut
humaniser le prêtre en le mariant pour qu'il sache ce qui est bon ! Et
qu'il sache ce qu'est le purgatoire en l'élevant à la catégorie
de citoyen et de travailleur en lui mettant dans la main une pioche, une pelle,
une plume, ou l'instrument qui lui corresponde et, de cette façon, nous
considérons résolu le problème religieux du point de vue
des sentiments.
Ses propos ont été accompagnés de jurons qui contrastent
avec le langage châtié employé habituellement par les députés.
Mais avec cela nous n'avons pas avancé grand-chose dans l'ordre politique.
Dans l'ordre politique ce problème à deux manifestations : la
manifestation de la religion considérée comme instrument de domination
économique ou d'exploitation économique et comme instrument de
domination politique. L'Eglise messieurs les députés, pour moi
et pour le secteur d'opinion que je représente, n'est pas une société
religieuse; l'Eglise, pour moi n'est rien de plus qu'une société
mercantile, n'est rien de plus qu'une société anonyme exploiteuse
de Dieu, exploiteuse du Christ et de la Mère du Christ. Pour moi, messieurs,
la Compagnie de Jésus devrait s'appeler la Compagnie mercantile de Jésus,
et je ne dis pas la bande de voleurs de Jésus par respect pour les voleurs
(Rires dans la salle)…
Et je vais conclure en disant que la séparation de l'Eglise et de l'Etat
consiste pour nous en ceci : soumettre l'Eglise à l'Etat, la soumettre
comme entité mercantile et comme entité politique, la soumettre
sans conditions; à obliger les catholiques comme cela a déjà
dit dans cette Chambre, mais je ne me souviens plus par quel député,
qu'ils payent leurs services religieux. Nous, les députés de la
gauche, tous les députés qui sommes ici (beaucoup de catholique
peut-être aussi) quand nous avons besoin d'un domestique ou d'une bonne
nous allons dans une agence ou mettons une annonce dans les journaux et nous
faisons un contrat avec le domestique ou la bonne du service qui nous convient
et après nous nous "grattons" la poche et ne passons pas la
note de ces services au voisin, parce que ce n'est pas celui qui ne reçoit
pas le service qui doit payer. Je termine, messieurs les députés,
avec la formule succincte et concrète, en vous disant, comme je vous
l'avez promis que dorénavant, avec la République, celui qui aura
besoin de messes, confessions, communions et hosties consacrées ou non
consacrées, il les paiera, parce que nous, nous ne sommes pas disposés
à payer.
Guerra del Rio.
Guerra del Rio revendique pour son parti la place la plus à
gauche en matière d' anticléricalisme. Il exprime sa peur que
les ordres religieux une fois dispersées puissent se regrouper en associations
suivant l' article 37.
Nous demandons une loi spéciale avec l' intention d' en finir
à l' intérieur des congrégations (par ce que sans cela
vous n' en finirai pas) avec tout ce qui s' oppose à la démocratie,
qui s' opposeà la liberté; nous voulons que cette loi spéciale
interdise le vœu perpétuel qui est incompatible avec le principe
de liberté individuelle; que nous disions que ces congrégations,
que ces associations ne peuvent acquérir des biens "mortis causa"
parce que cette façon est la seule pour que nous arrivions à l'
essence, à l' âme de ces congrégations, de ces associations.
Nous voulons qui leur soit interdit l' exercice de l' industrie, de l' enseignement
qui, en eux, est une industrie. Nous voulons, nous désirons que, depuis
la Constitution soient signalés ces principes; parce que nous pensons
aux lendemains et nous craignons que si on ne fait que faire figurer dans la
Constitution cet article 24, suivi du 37, déjà approuvé,
à l' avenir, quand ces Cortes Constituantes n' existeront plus et qu'
elles pourront être succédées d' autres qui obéissent
à des principes qui ne sont pas les nôtres, terminent la Constitution
et cet anticléricalisme un peu porte-parole de maintenant pour ouvrir
une brèche dans laquelle on puisse légaliser tous les ordres religieux
qui ne sont pas légalisés aujourd'hui.
Andrés Ovejero
Andrés Ovejero. Intervient une nouvelle fois en
prévenant qu'il sera très court, mais se lance dans une si longue
critique de l'Eglise qu'il finit par dire qu'il ne parle que pour lui-même,
puisque les députés ont peu à peu abandonné la chambre.
Le seul paragraphe à souligner est sans doute celui-ci :
Nous (le parti socialiste) croyons que si cet article
de la Constitution était mutilé il faudrait que nous sortions
de la Constitution pour continuer à réclamer que l'école
unique modèle la conscience et l'esprit des nouvelles générations.
Gumersindo Alberca
Montoya
Gurmesindo Alberca Montoya dit qu'il pense que les religions
disparaîtront à mesure que la science avancera, mais qu'elles vivront
certainement toujours parce qu'il restera toujours des zones d'inconnu que la
science ne sera pas capable d'expliquer. Puis se lance lui aussi dans une critique
de l'Eglise. Il termine avec cette conclusion :
Il est indispensable donc, que nous (gauche anticléricale)
exposions ici notre sincère et convaincu sentiment religieux, que nous
allions inculquer au peuple ce sentiment religieux, catholique ou non, en fin
de compte le sentiment religieux n'est rien d'autre que bonté, travail
et idéalisme, et, avec ces trois fondamentales normes, inculquions petit
à petit à ce peuple une soif de libération de tout le reste,
ce qui suppose seulement de libérer le sentiment religieux de tous les
Ordres religieux et Congrégations .
Vous, catholiques, vous le savez, nous aspirons, ou au moins j'aspire, à
que vous, pour améliorer l'avenir de l'Espagne, vous soyez disposés,
non pas à sacrifier votre sentiment religieux, mais si à sacrifier
les intérêts que défendent les congrégations religieuses.
J'ai fini.
Lauro Fernandez y Gonzalez
Lauro Fernandez y Gonzalez (député de Santander
et chanoine) dit que l'expérience des Cortes lui donne l'impression de
ne plus savoir ce qu'est la liberté et essaie de démonter un à
un tous les arguments des détracteurs de l'Eglise
Que l'Eglise s'est mêlée souvent de questions politiques est un
fait certain et indiscutable, évident, mais il est aussi certain que
cette intromission de l'Eglise dans les affaires politiques à été
la plupart des fois cherchée par le Pouvoir civil, parce qu'il avait
besoin de cet appui et de cette intervention de l'Eglise. On ne doit, par conséquent,
lui rejeter la faute.
Il vaudrait mieux que le Congrès s'occupe d'autres choses qui ne peuvent
attendre, comme par exemple, le problème de la faim en Catalogne, qui
ne se résout pas avec des discussions inutiles.
José
Franchy Roca
José Franchy Roca (minorité
fédérale)
José Franchy Roca ne prononce que quelques mots: Pour
vous dire que je suis d' accord pour la séparation de l'Eglise et de
l' Etat et la suppression du budget du culte par un acte unilatéral de
la part du gouvernement, mais l' Etat devra faire son devoir et ne pas laisser
dans la rue des individus qui ont acquis des droits. En ce qui concerne les
Ordres religieux, j' estime qu 'ils ne sont pas tous pareils et qu' on ne peut
pas les dissoudre tous dans les mêmes conditions; qu' il n' en a qu' un
qui pourrait constituer un danger, par contre les autres sont purement bénéfiques.
Je propose que tous soient soumis à une loi générale des
associations et que ceux qui refusent de se soumettre soient dissous. Les autres
pourraient être rémunérés quand l' Etat en aurait
besoin pour un service public.
Joaquin Beunza minorité vasco-navarre
Joaquin Beunza commence en demandant le respect pour lui et pour les catholiques.
Si les catholiques sont sous la dépendance spirituelle du pape,
cela ne les rend pas plus mauvais espagnols que les maçons qui sont sous
la dépendance du Grand Orient, ou les socialistes sous la dépendance
de la correspondante Internationale, des institutions qui dépassent les
limites de l'Etat espagnol.
……….Que l'on fasse ce que l'on fasse, notre pays continue
d'être catholique à "machamartillo" (convaincu,
obstiné) parce que, ni la monarchie, ni la république,
ni le communisme qui pourrait triompher, ni aucune secte qui gouvernerait, arrivera
à tuer le catholicisme de notre région.....
Je demande que la religion officielle soit la catholique et concordée.
Elle ne doit pas être un corporation de droit public parce que cela supposerait
que l'Etat déposait en l'Eglise une partie de sa souveraineté.
La souveraineté de l'Eglise vient de sa propre nature et de ses propres
finalités et non qu'elle les reçoivent ou les partagent d'une
autre institution. L'Eglise a sa propre souveraineté comme l'Etat à
la sienne. Sur la présence réelle des catholiques dans la société
espagnole et même dans le parlement il faut reconnaître que la majorité
des présents est baptisée et mariée canoniquement. Le meilleur
témoignage que l'on a s'ils étaient ou non catholiques la majorité
de ceux qui ont vécu en Espagne est celui des cimetières; il n'y
a qu'a compter ceux qui sont enterrés dans les cimetières civils
et ceux qui le sont dans les cimetières catholiques (protestations
dans la salle) C'est pour cela que vous voulez que les cimetières
soient refondus, pour ne pas que l'on puissent compter ceux qui sont dans les
cimetières civils, qui sont très peu nombreux ( Sanchís
Banús : A cause de l'intérêt que vous avez eu pour ne pas
qu'il n'y ait de cimetières civils) pour plus que vous le trituriez le
témoignage est plus qu'éloquent.
Le caractère anticatholique de ce projet de constitution est:
• Séparation de l'Eglise et de l'Etat.
• Suppression du budget ecclésiastique.
• Expulsion des religieux.
• Saisie de tous leurs biens.
• Ecole unique avec interdiction d'enseigner la religion catholique……
Parce qu' s'il y a eu des catholiques en faveur de la dictature (de
Primo de Rivera) il y en a d'autres qui étaient contre -et dans
notre pays vasco-navarrais encore plus- la République et aussi venue
avec le concours de nombreux catholiques.
Si la République doit vivre, si vous voulez qu'elle dure et qu'elle se
consolide, il faut qu'elle soit la République de tous; il faudra qu'à
son intérieur puisse vivre aussi les catholiques que ceux qui ne le sont
pas. Les catholiques sont sûrs qu'il n'y a pas de nécessité
que nous allions à la guerre civile, ni que résonnent les tambours
guerriers. Il suffirait que tous les catholiques nous nous unissions en toute
légalité pour que la République ne soit la fleur d'une
seule journée. Mais cela ne vous convient pas et à nous non plus
parce que la patrie est au dessus de toutes nos querelles et il faut que les
uns et les autres nous cherchions le bien commun pour éviter que s'ouvre
un abîme spirituel entre les espagnols.
Je dirais, en répondant à Monsieur le ministre de la Justice,
qu'il ne faut pas ressasser les pages antérieures de l'Histoire, parce
que, à travers l'Histoire, nous avons tous été persécutés
et persécuteurs. Si les catholiques, qui étaient en majorité,
ont persécutés les sectes dissidentes, qui étaient minoritaires,
on peut aussi rappeler la persécution dont ils ont été
objet; ces pages noires des persécutions de la reine Isabelle d'Angleterre
et l'égorgement des moines à Madrid par des éléments
non catholiques. Si nous allions rappeler toutes ces pages de l'Histoire, tous
ces épisodes tristes, nous ne pourrions pas vivre ensemble les hommes.
Je pense que la tâche qu'il faut que nous réalisions est l'inverse,
celle d'oublier nos différences, celle de nous rapprocher et nous considérer
comme frères ce qui, en définitive, est ce que l'on doit être
tous : frères; la fraternité pour nous, la fraternité universelle
pour tous ceux qui ne se considèrent pas chrétiens…………
Il faut respecter les volontés de ceux qui ont fait des legs à
l'Eglise, aux religieux, de la même façon qu'il faut respecter
la volonté de ceux qui ont laissé des legs à ceux des trottoirs
d'en face (les socialistes). N'ouvrez pas la porte pour que, demain, des ennemis
à vous disent que ces legs qui ont été faits à la
Maison du Peuple ont été faits illicitement.
En ce qui concerne les ordres religieux, non seulement c'est anticatholique,
sinon contraire à l'égalité et à la dignité
et à la liberté humaine qu'après, d'une Constitution dans
laquelle on reconnaît l'égalité pour tous les espagnols
et qui dit que la religion ne devra pas constituer une cause de préférence
ni aucune cause d'incapacité ou "capitis diminutio", on donne
un traitement différent à celui qui ira à une association
religieuse, de celles que jusqu'à présent il ne s'est dit que
des généralités, mais nous nous pouvons affirmer que là
où il existe une institution religieuse on voit une grande quantité
de bonnes œuvres dans un environnement favorable ……..
Dimas Madariaga
Le projet de l'Ecole unique, la persécution à l'Eglise catholique, même si vous dites autre chose, n'est ni plus ni moins que vouloir imposer aux catholiques, au nom de la liberté, une tyrannie que les catholiques en aucune façon peuvent tolérer.
Julian
Besteiro
Julian Besteiro: Cette intervention termine le débat de la totalité des articles concernant l'Eglise, la famille et l'enseignement. La commission, en vue de l'extension du débat et de l'heure, désireuse de recevoir de la façon la plus parfaite possible les diverses nuances d'opinion se réserve pour répondre aux orateurs qui ont participé au débat jusqu' à la prochaine session.
Troisième session (13 octobre 1931)
Après plusieurs interventions
dont celle de Manuel Azaña, Mariano Ruiz-Funés donne lecture à
une seconde mouture du projet de Constitution :
Toutes les confessions religieuses seront considérées comme associations
soumises à une loi spéciale.
L'Etat n'entretiendra, favorisera ni assistera économiquement les Eglises,
associations et institutions religieuses. Une loi spéciale régulera,
jusqu'à son extinction, la situation transitoire des percepteurs du budget
du clergé.
Les Ordres religieux seront soumis à une loi spéciale, ajustées
sur les bases suivantes :
1. Dissolution des ces Ordres qui, en plus des trois vœux canoniques,
se prêtent un autre d'obéissance spéciale à une autorité
distincte de la légitime de l'Etat.
2. Dissolution de celles qui, dans leur activité constituent un danger
pour la sécurité de l'Etat.
3. Inscription de celles qui doivent subsister dans un registre spécial,
dépendant du ministère de la Justice.
4. Incapacité d'acquérir et conserver par eux ou par personne
interposée, plus de biens que ceux qui, après justification préalable,
soient destinés à leurs logements, ou à l'exécution
directe de leurs fins privatives.
5. Interdiction d'exercer l'industrie ou le commerce.
6. Soumission à toutes les lois tributaires du pays.
7. Obligation de rendre annuellement des comptes à l'Etat de l'investissement
de leurs biens en relation des buts de l'association.
Les biens des Ordres religieux pourront être nationalisés.
Aucun d'amendement proposé par les députés catholiques n'a été pris en compte.
Mais dès la fin de la lecture Jiménez de
Asua revient à la charge. Il demande des modifications qui vont à
l'encontre de la commission que lui-même préside et les directives
de son propre parti:
Toutes les confessions religieuses seront considérées comme associations
soumises aux lois générales du pays.
Ni l'Etat, ni aucune entité ou organisme officiel quelconque pourra soutenir,
favoriser ni aider économiquement les Eglises, associations et institutions
religieuses.
Il ne se permettra pas, en territoire espagnol, l'établissement d'Ordres
religieux; les existants seront dissous et l'Etat nationalisera leurs biens.
Et se lance dans de nouvelles attaques contre l'Eglise catholique .......
En voici un court extrait: Le système qui permet l'enseignement aux congrégations religieuses a apporté, contrairement de ce qu'on a pu penser, une grande perturbation dans l'intimité des foyers. Il est fréquent que l'homme de "psy" avancée se marie avec une femme d'esprit rétrograde, et comme l'homme espagnol aime l'agora, ce qu'il a eu coutume de faire est de mettre entre les mains de ses femmes, en échange d'un tacite pacte de liberté, la direction de l'enseignement de ses enfants, et ceux-là ont été consignés dans les collèges religieux. (¡!)