Chronologie de la guerre d'Espagne
Les
faits résumés
1936
16 février. Les différentes
gauches unies en un Front Populaire gagnent les élections.
Mars. Le Frente Popular annule arbitrairement trente sièges de la droite
aux Cortés.
17 juillet. Avec un jour d'avance sur la date prévue, se produit, au
Maroc, le premier acte du soulèvement militaire.
4 août. L'armée d'Afrique qui a réussi à passer
le détroit avance vers le centre en longeant la frontière du
Portugal.
28 septembre. Les troupes du général VARELA envoyées
par Franco libèrent les assiégés de l'Alcazar de Toledo
et prennent la ville.
30 septembre. Franco est "élu" chef de la junte à
BURGOS.
5 novembre. Le gouvernement républicain fuit à Valence et abandonne
Madrid en laissant au général MIAJA le soin de défendre
la capitale. Lors d'un contrôle routier entre Madrid et Valence, des
ministres échappent de justesse à un lynchage par le groupe
qui les a reconnu.On leur donne le choix entre retourner à Madrid ou
être fusillés. Finalement, après demande d'instructions,
on les laisse quand même partir.
6 novembre. Les troupes nationalistes arrivent à Madrid et s'installent
aux alentours.
7 novembre. Le gouvernement Républicain s'installe officiellement à
Valence.
8 novembre. Offensive des Brigades Internationales qui font des brèches
dans les lignes franquistes avec leurs tanks, mais l'infanterie ne peut pas
les suivre et ils doivent rebrousser chemin.
18 novembre. L'Italie et l'Allemagne sont les premiers pays à reconnaître
le gouvernement des rebelles.
1937
Du 6 au 15 février. Bataille de JARAMA. Une bataille
où les deux camps se déclarèrent vainqueurs.
Du 8 au 19 mars. Bataille de Guadalajara.
26 avril. Bombardement de la petite ville de Guernica ou Gernika en Basque.
L'événement est encore contesté en l'an 2OO4. La ville
comptait à l'époque 7 000 habitants et le chiffre le plus cité
est de 1654 morts et 889 blessés. Certains chroniqueurs ont avancé
des chiffres de 30 000 morts en se basant sur des "témoignages",
d'autres disent avoir consulté les archives et constaté 202
enterrements auxquels il faudrait ajouter 28 blessés, morts ensuite
dans les hôpitaux et inhumés dans des villes avoisinantes.
3 mai. Première guerre civile dans la guerre civile. A Barcelone, les
différents courants de la gauche se font la guerre. On cite le chiffre
de 1 400 morts.
19 juin. Les troupes nationalistes prennent Bilbao.
Juillet. Batailles de BRUNETE et de BELCHITE. Cette dernière fut entièrement
rasée par les Républicains. On compta 6 000 morts. 200 personnes
seulement réussiront à rejoindre la zone nationaliste.
28 octobre. Nouveau transfert du gouvernement, cette fois vers Barcelone.
Décembre. Bataille de Teruel. Les troupes républicaines réussissent
à prendre la ville.
1938
20 février. A une température de moins 20 degrés, les
franquistes reprennent TERUEL. Valentin GONZALEZ dit "el CAMPESINO"
accuse les autres chefs républicains de l'avoir volontairement abandonné
alors qu'il était encerclé par les troupes rebelles. Il réussira
tout de même à s'en sortir.
15 Avril. Les Nationalistes coupent la zone républicaine en deux et
arrivent à la mer en prenant VIÑAROZ.
24 juillet. Les républicains lancent une grande offensive, traversent
l'Ebre et avancent pendant quelques jours en zone nationaliste. C'est la bataille
de l'Ebre, avec son sinistre résultat en nombre de morts de part et
d'autre.
15 novembre. Les nationalistes reprennent les territoires conquis et repoussent
les républicains de l'autre côté de l'Ebre.
15 novembre. Discours d'adieu de la "Pasionaria" aux Brigades Internationales.
Au plus dur de la bataille de l'Ebre, Staline et NEGRIN décident de
renvoyer les Brigades Internationales dans leurs pays.
23 Novembre. Avant que les troupes républicaines aient pu se réorganiser,
les franquistes lancent une vaste offensive sur toute la Catalogne. Les réfugiés,
surtout civils, affluent vers les frontières françaises.
1939
26 janvier. Les franquistes entrent dans Barcelone.
Pour l'anecdote : dans la tourelle du premier tank une jeune fille salue la
foule venue les accueillir. Elle a le bras tendu à la fasciste. C'est
une jeune juive trotskyste du POUM qui vient d'être libérée
par les "fascistes" des geôles républicaines .
10 Février. La Catalogne est entièrement conquise par les troupes
rebelles. 500 000 espagnols se réfugient en France et sont parqués
dans des camps de concentration. 170 000 choisiront de rentrer chez eux.
27 février, La France et l'Angleterre reconnaissent la nouvelle Espagne
gouvernée par Franco.
5 mars. Deuxième guerre civile dans la guerre civile. A Madrid, MIAJA
fatigué par la tension de la défense de Madrid depuis le début
de la guerre, cède aux pressions du colonel CASADO, (lui-même
écoeuré par le comportement des politiciens) qui voudrait négocier
avec Franco. Les communistes crient à la trahison et veulent continuer
la lutte. L'affrontement entre les deux tendances fait encore de très
nombreuses victimes. Franco attend tranquillement que les gauches s'entretuent
pour entrer dans Madrid. NEGRIN (et d'autres) s'enfuit à Paris.
28 mars. Franco entre victorieux dans Madrid. Il n'a pas cédé
d'un pouce aux demandes de négociations du colonel CASADO.
1er Avril. Déclaration de la fin de la guerre. Franco, appelé
le "caudillo" s'installe au pouvoir jusqu'à sa mort en 1975.
Une dictature gérée d'une main de fer. La répression
a déjà commencé……
Chronologie
de la guerre d'Espagne
Autres détails
1923
Coup d'Etat de Miguel PRIMO DE RIVERA le 13 septembre.
Un coup d'Etat qui, finalement, arrangeait bien tout le monde: la gauche,
la droite et le roi incapables de gérer le terrorisme, les troubles
internes et la guerre au Maroc. On qualifie cette dictature de "modérée".
Certains hommes de gauche -voir d'extrême- finirent par participer à
son gouvernement. Le dictateur en quatre ans mit fin à la guerre au
Maroc, prit des mesures économiques jugées positives et engagea
de grands (trop?) projets.
1930
Primo de Rivera est désavoué par le roi et une partie de l'Armée
plus les politiciens cherchent à prendre le pouvoir. En janvier il abandonne
sa place. Le roi fait appel au général BERENGUER et aussi à
l'amiral AZNAR, mais ne parvient pas à maintenir l'ordre. Le 17 août
des politiciens et des intellectuels de gauche, dont le philosophe José
ORTEGA y GASSET, tentent un coup d'état pour instaurer une nouvelle république.
La "révolte du peuple opprimé" restera dans l'histoire
comme le pacte de SAN SEBASTIAN.
En décembre, ce coup d'Etat en partie militaire est durement réprimé
par …l'armée envoyée par le roi. Deux militaires "putschistes"
GARCIA HERNANDEZ et GALAN sont fusillés. Ils deviendront des héros
de la cause républicaine naissante.
1931
Les politiciens et les intellectuels de gauche
auteurs de l'insurrection (ou du putsch suivant de quel côté on
se place) sont jugés au mois de Mars. Ils profitent de ce procès
pour en faire une tribune politique. Ils ne sont condamnés qu'à
de très légères peines.
Au mois d'avril ont lieu les élections municipales "consenties"
par le roi. Dans l'ensemble du pays, les républicains auraient perdu
ces élections. (Le résultat exact n'a jamais été
publié officiellement et pour cause puisqu'on ne termina pas le scrutin)
mais dans toutes les grandes villes et les capitales de provinces ce sont les
républicains qui ont été majoritaires. Les monarchistes
ne cherchent pas l'affrontement et cèdent le pouvoir sans aucune résistance.
De toutes façons on ne voit pas comment ils auraient pu arrêter
l'immense vague de joie qui avait déferlé sur l'Espagne. Le roi
part pour l'exil et la République s'instaure le 14 (avril). C'est NICETO
ALCALA ZAMORA qui prend la présidence de ce gouvernement républicain.
Un gouvernement essentiellement bourgeois très largement infiltré
par les loges maçonniques.
Le 11 mai, soit moins d'un mois après l'instauration de la République,
commencent les journées de violences. Il y a des incendies et des saccages
d'églises et de bâtiments d'enseignement ou de formation tenus
par le clergé, dans pratiquement toutes les villes. Il n'y a pas eu de
morts, mais des moines n'ont la vie sauve qu'en s'échappant par les toits.
Juin. Les élections législatives donnent une écrasante
majorité aux gauches unies. Le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol)
est le parti largement le plus voté. La première réunion
aux Cortès se fait symboliquement le 14 juillet en honneur à la
révolution française.
En octobre ALCALA ZAMORA chef du gouvernement menace de démissionner
à cause des articles anticléricaux de la nouvelle Constitution
" laquelle invite à la guerre civile". No importa –dit
AZAÑA- España ha dejado de ser católica. (Peu importe,
l'Espagne a cessé d'être catholique)
En décembre, la Constitution est quand même votée. Un nouveau
Gouvernement qui ne tient plus compte de la première coalition est mis
en place sans élections. Il est essentiellement socialiste et son président
est Manuel AZAÑA. Les républicains "conservateurs" de
LERROUX n'y sont pas représentés. Le 11 ALCALÁ ZAMORA est
élu Président de la République
1932
En janvier, les anarchistes, qui ne reconnaissent aucun gouvernement, déclenchent
une insurrection en Catalogne. AZAÑA président du Gouvernement
donne l'ordre de tirer "sur la marche" .*
Le 1O août, tentative de coup d'état du général SANJURJO
raté. Le Gouvernement qui avait été mis au courant le maîtrise
facilement. Les madrilènes ne s'en sont presque pas aperçus, mais
il y a eu 1O morts. AZAÑA en profite pour museler la droite en fermant
plus de cent journaux, des centres politiques et jeter des dirigeants en prison,
même s'ils n'y sont pas impliqués. Il l'exploite aussi pour faire
approuver le statut et la loi de réforme agraire des catalans.
1933
En janvier, deuxième insurrection anarchiste durement réprimée.
L'événement de CASAS VIEJAS sera certainement la cause de la déroute
de la gauche aux élections. A CASAS VIEJAS les anarchistes passent outre
de l'interdiction qui leur avait été faite de tenir une réunion.
La "garde civile" envoyée pour l'interdire est débordée
et fait appel aux "guardias de asalto" . Ce second corps de police
a été créé par la République et ses hommes
recrutés uniquement par leur appartenance à la gauche. Les asaltos
vont massacrer toute une famille retranchés chez elle, poursuivre et
tuer des fuyards selon l'ordre de "tirer sur la marche" du gouvernement.
A partir de cette date, rapide déclin de AZANA qui perdra successivement
les élections municipales partielles et celles du Tribunal des Garanties
Constitutionnelles. Le PSOE se démarque des "républicains"
et penche vers la "dictature du prolétariat". On va appeler
un de leurs chefs, LARGO CABALLERO, le LENIN espagnol.
En octobre, le Président de la République retire sa confiance
à AZAÑA. ALEJANDRO LERROUX est nommé président d'un
gouvernement qui durera très peu de temps. Rupture "définitive"
du PSOE et des Républicains. MARTNEZ BARRIO devient chef du Gouvernement
et est chargé de préparer de nouvelles élections.
Novembre, élections. Déroute de la gauche et victoire des partis
du Centre de LERROUX et de la droite de GIL-ROBLES. Les gauches, qui étaient
"sûres" de leur victoire, sont consternées. Elles n'acceptent
pas le verdict des urnes. AZAÑA et quelques autres proposent un coup
d'Etat et l'annulation des élections; l'Esquerra Catalane se met sur
le pied de guerre; le PSOE décide de préparer une guerre civile.
La CEDA, le parti le plus voté, remet à des temps plus calmes,
sa participation au gouvernement.
1934
Dés le début de l'année le PSOE constitue un comité
chargé de préparer une insurrection armée sur tous les
terrains : former des milices, infiltration de l'armée, alliances entre
partis de gauche y compris les anarchistes, manœuvres de déstabilisation,
grèves, boycotts etc..
Les attaques commencent en juin. Elles viennent d'abord des syndicats qui organisent
des grèves violentes à répétition paralysant le
pays, des émeutes, des provocations face aux forces de police et des
menaces de rébellion. Tous ces mouvements sont officiellement"spontanés"
mais les ordres proviennent du PSOE, des nationalistes catalans de gauche, du
PNV (Parti Nationaliste Basque) et des républicains, mais aussi des nationalistes
basques de droite qui pensaient avoir plus de chances d'arriver à l'indépendance
avec la gauche qu'avec la droite. AZAÑA propose un nouveau plan pour
autre coup d'Etat, mais le PSOE de LARGO CABALLERO qui se méfie de ces
bourgeois républicains ne le suit pas. c'est ainsi qu'AZAÑA rate
sa troisième tentative de coup d'Etat.
Le 4 octobre, la CEDA fait une erreur. Elle avait remis sa participation au
Gouvernement " à des temps plus calmes" pour ne pas declencher
une guerre civile, mais les temps ne sont pas plus calmes et la gauche s'est
organisée. Dés que les trois ministres entrent en fonction, les
socialistes déclenchent une insurrection qu'ils avaient préparée
avec l'appui des républicains de gauche. Le 6, la Généralitat
(gouvernement de Catalogne) commandée par la Esquerra se rebelle et le
mouvement s'étend bientôt à tout le pays. Pourtant la population
ne répond pas entièrement de la façon attendue. Dès
les premiers mouvements de police, la majorité rentre chez elle. Les
Asturies sont l'exception. Les ouvriers, très encadrés, très
syndiqués répondent en masse. Est-ce déjà la guerre
civile?
Il a beaucoup été écrit sur la répression dans cette
région. La gauche va s'en servir dans sa campagne électorale.
Les journaux, spécialement celui de PRIETO, décriront chaque jour
les horreurs commises par l'Armée. On y attribue aussi la responsabilité
à Franco. Curieusement, celui-ci ne sera pas fusillé après
les élections de 1936 comme le sera le général qui les
dirigea sur le terrain.
La droite, elle, dit que la répression fut bien moindre que les horreurs
commises par les insurgés: Patrons, contremaîtres assassinés,
épouses et filles violées, églises et bâtiments publics
incendiés ou saccagés, dégradations et déprédations
de toutes sortes etc.. Elle accuse la gauche de l'avoir beaucoup exagéré
pour des raisons bassement électoralistes et d'avoir fait monter une
haine démesurée dans le peuple espagnol. Haine qui se traduira
plus tard par les horreurs perpétrées pendant la guerre.
1935
Les événements des Asturies ont dépassé les frontières.
Les gauches européennes s'en sont emparées et suivent l'exemple
de celles de l'Espagne. Le gouvernement est taxé de fasciste. Ses divisions
internes provoquent une instabilité permanente. Les trois ministres de
la CEDA le quittent en avril…. mais reviennent à cinq en mai.
Les gauches commencent à s'organiser autour d'un projet d'union pour
se présenter aux élections. Les deux courants du PSOE provoquent
une division dangereuse. L'un est commandé par LARGO CABALLERO et tend
vers la dictature du prolétariat; l'autre plus modéré est
mené par INDALECIO PRIETO. Les affrontements entre leurs partisans dégénèrent
souvent en batailles rangées. Les deux hommes se faisaient surtout la
guerre à travers leurs deux journaux CLARIDAD et EL SOCIALISTA respectivement
dirigés par LARGO et PRIETO.
En septembre éclate l'affaire du "straperlo" . Celle-ci n'aurait
pas dépassé le stade de banale escroquerie, si un neveu de Alejandro
LERROUX n'y avait pas été impliqué. Tous ses adversaires
s'en emparent. C'est PRIETO et AZAÑA, avec l'aide d'un gangster hollandais
appelé STRAUSS, qui ont dévoilé et monté cette intrigue
pour liquider LERROUX.
Le Président de la République intervient aussi et LERROUX quittera
les Cortès sous les huées des autres députés. Son
parti et lui sont-ils politiquement morts?
ALCALA ZAMORA le remplace par CHAPAPRIETA, -homme assez obscur que l'on ne sait
pas très bien où situer- et en décembre il révoque
les membres de la CEDA du gouvernement et les remplace par d'autres venus du
parti de PORTELA VALLADARES. La situation politique est catastrophique. La tension
entre droites et gauches augmente de jour en jour.
1936
La droite accuse ALCALA ZAMORA d'avoir manqué aux règles les plus
élémentaires de la démocratie en destituant les cinq ministres
de la CEDA. Celui-ci et le chef du gouvernement décident alors de dissoudre
les Cortès et d'organiser de nouvelles élections. Elles vont se
préparer dans un climat de guerre civile.
Elles ont lieu le 16 février et, en nombre de sièges, elles donnent
une victoire écrasante aux gauches réunies dans un "Front
Populaire".
C 'est sur ces élections que va se bâtir l'Histoire de l'Espagne
de cette époque et celle de la guerre civile.
La gauche va asseoir sa légitimité
sur sa victoire. A partir de cette date on n'entendra parler de la République
qu'en termes élogieux : les gauches deviennent la jeune République,
la jeune démocratie. Le Gouvernement, un gouvernement modéré
et profondément humaniste qui va s'attaquer aux privilèges exorbitants
des classes privilégiées et à l'oppression de l'Eglise
qui leur est totalement inféodée. La droite, devient un ramassis
d'assassins, de fascistes, obscurantistes, factieux, prêts à tout
pour ne pas lâcher leurs privilèges etc. et ceci pour n'en citer
que quelques adjectifs.
Ce "message" qui traversa très vite les frontières fut
immédiatement repris par les intellectuels de gauche d'Europe pour ne
pas dire du monde entier. Personne n'osera plus jamais venir contredire cette
présentation qui est perpétuée par ceux qui leur ont succédé.
La droite espagnole aura gagné la guerre sur le terrain, mais elle aura
perdu la guerre de la propagande.
Et les quelques historiens qui voulurent faire toute la lumière sur ces
tragiques événements pendant la Transition, furent envoyé
au placard de l'oubli forcé dès que le pouvoir fut repris par
la gauche pendant "la DEMOCRACIA" .
Toutes les allégations en sens inverse trouvent ces réponses :
Oui, mais la gauche avait la légitimité pour elle. Elle avait
été élue démocratiquement. Le gouvernement était
humaniste et modéré et ne voulait appliquer que les réformes
nécessaires pour sortir le peuple de la misère.etc etc
Pourtant cette époque mérite une étude plus approfondie.
Il est vrai que la gauche gagna officiellement ces élections avec une écrasante majorité. Les lois électorales qui ressemblaient à celle d'Henri Queuille dite des "'apparentements" en France, lui avait permis qu'avec un nombre sensiblement égal de voix (et même un tout petit avantage à la droite) elle obtienne une majorité impressionnante en sièges.
Mais la gauche revenue au pouvoir,
arrive le temps de la revanche. C'est la loi de la rue qui va s'appliquer. L'amnistie
totale pour les insurgés d'octobre 1934 et le projet de réforme
agraire (véritable poudrière) vont accentuer les tensions.Les
promesses électorales ont soulevé d'immenses espoirs chez les
paysans pauvres. Trop! Manuel AZAÑA garde bien mémoire les
événements tragiques de CASAS VIEJAS qui lui firent perdre les
élections de 1933 et il ne prend aucune mesure pour maintenir l'ordre.
"C'est la juste revanche d'un peuple opprimé" dira-t-il.
De mars à juillet c'est un déferlement de crimes, attaques à
mains armées, incendies, grèves, émeutes . Le gouvernement
réprime durement les violences de la droite en particulier la "phalange"
et il laisse impunies celles de la gauche. On pourrait même dire qu'il
les encourage. D'énormes purges sont faites dans l'Administration. Tous
les fonctionnaires de droite, les catholiques -ou soupçonnés tels-
sont jetés à la rue et remplacés par des gens de gauche,
même s'ils n'ont aucune compétence pour ces postes. L'armée
va subir de durs sabrages et un grand nombre d'officiers mis à la "retraite".
Aux Cortès ce n'est pas
mieux. Les quelques députés de droite sont insultés, chahutés,
menacés de mort. Leurs tentatives d'intervention sont étouffées
par les cris de leurs adversaires et leurs propositions ou allégations
rejetées arbitrairement. Dans les circonscriptions où il y avait
eu des contestations sur le déroulement des élections, le résultat
est invariablement donné favorable à la gauche, ce qui vient encore
grandir sa majorité. On arrivera à fouiller tous les députés
avant d'entrer dans l'hémicycle de peur qu'ils n'y rentrent des armes.
C'est le printemps tragique ou tous les partis préparent leur
guerre civile. Mola la déclencha le premier; quelque jours plus tard
c'est celle de Largo Caballero qui aurait éclaté
*C'est à dire de tirer sur tous ceux qui essaieraient de fuir